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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 19:56

lea-goldberg-webkef-com.jpgLéa Goldberg est née dans la ville de Königsberg en Prusse orientale (aujourd’hui Kaliningrad, en Russie) et a passé son enfance à Kovna en Lituanie. Lorsque éclata la Première guerre mondiale, sa famille immigra en Russie, et c’est là que naquit son frère, Emmanuel. Avant qu’elle n’eût un an, son petit frère tomba gravement malade et mourut d’une méningite. Le souvenir de la mort de ce frère accompagna Léa toute sa vie. « Ils reviennent d’un enterrement. Des pas de tristesse à l’allure modérée, la porte grincera de suite. Sur les yeux de la fillette qui virent la mort en face, sur lesquels elle posa sa main. » C’est ainsi qu’elle décrivit le souvenir qui la marqua de son empreinte.

 

A la fin de la guerre, la famille revint de Russie par le train. Le père de Léa Goldberg, qui était spécialiste en économie et avait mis en place le système d’assurance nationale de la Lituanie, fut arrêté à la frontière, soupçonné d’appartenir au parti communiste. Durant dix jours, il fut détenu en prison et cruellement torturé jusqu’à ce que sa femme réussît à la faire libérer. La famille revint à Kovna, mais le père, qui ne réussit pas à se remettre du traumatisme enduré, fut atteint d’une maladie mentale, qui couvrit de son ombre tragique la vie de Léa Goldberg, comme enfant et comme adulte. Lorsqu’elle découvrit par hasard qu’également son oncle, le frère de son père, avait souffert d’une maladie mentale, elle écrivit dans son journal intime qu’elle craignait que la maladie ne l’atteigne elle-même, et que si la chose était avérée, il lui soit interdit de se marier et d’avoir des enfants, de crainte de rendre leur vie malheureuse. C’est peut-être la raison secrète pour laquelle Léa Goldberg ne se maria pas et n’eut pas d’enfants. Elle passa la majeure partie de ses jours, seule avec sa mère.

 

A la suite de la maladie du père, la mère de Léa Goldberg divorça et travailla dans une banque. Afin d’assurerPikiWiki Israel 3468 People of Israel - Lea Goldberg - crop l’entretien de la famille, la jeune Léa fit des gardes d’enfants et donna des cours particuliers. A l’école, elle était rejetée du point de vue social. Déjà à cette époque, elle écrivit dans son journal intime qu’elle souhaitait être écrivain, et manifesta un grand intérêt pour la lecture et la recherche littéraire.

 

Léa Goldberg finança par ses propres moyens ses études à l’université. Elle décida de s’éloigner de la maison maternelle et de partir étudier en Allemagne, à l’université de Berlin. Elle y termina avec succès des études de linguistique. Puis elle se rendit à Bonn, où, à l’âge de 22 ans, elle obtint le titre de docteur. Son travail avait pour thème « Le Targum samaritain : vérification des sources existantes ». C’est seulement des années plus tard que Léa Goldberg fit usage de son aptitude éminente pour les langues, lorsqu’elle étudia le norvégien afin de traduire Peer Gynt, du dramaturge Ibsen, et l’italien, afin de traduire les sonnets du poète italien Pétrarque.

 

Léa Goldberg fut parmi les membres de la société littéraire Petah et, à partir de 1932, ses poèmes furent publiés dans des journaux hébreux. Grâce à une autorisation d’immigration (certificat) que lui envoya le poète Abraham Shlonsky, elle immigra en Israël au printemps 1925, avec son conjoint fictif, l’écrivain Shimon Gans (qui sera ensuite appelé Shimon Gan). Leurs chemins se séparèrent dès leur arrivée en Israël.

En Israël, Léa Goldberg vécut une vie de bohême. Elle fit partie du groupe de poètes modernistes Yiahdav (« Ensemble ») auquel appartenaient également Abraham Shlonsky, Nathan Alterman, Yaakov Horovitz et Israël Zmoura. A cette époque, outre la publication de poèmes dans les suppléments littéraires, elle créait pour sa subsistance des slogans publicitaires et enseignait dans deux écoles. Sa mère, qui immigra en Israël un an après elle, vint demeurer avec elle à Tel-Aviv.

 

Durant des années, Léa Goldberg assura ses revenus en écrivant dans les journaux, Davar, Mishmar, et fut éditrice de livres pour enfants chez l’éditeur Sifriat ha-Po’alim. Elle fut également rédactrice de Davar le-Yeladim ainsi que de Orot Ketanim, revues destinées aux enfants de la diaspora. Elle traduisit les meilleurs des ouvrages de la littérature classique étrangère et écrivit des articles de critique littéraire et théâtrale. Sa passion pour le dessin reprit de la place dans sa vie lorsque dans les années 1960, elle se mit à créer des collages et des gravures.

 

Léa Goldberg fut très attentive à garder complètement secrète sa vie privée. Son livre « Rencontre avec un poète » (1952) dévoile ses relations avec Docteur Abraham ben Yitzhak (Abraham Sona), haut fonctionnaire de l’Agence juive, qui écrivait lui aussi des poèmes. L’amour de Léa Goldberg pour cet homme et la grande influence de ce dernier sur elle s’expriment dans ses journaux intimes qui furent transmis, conformément à sa demande explicite, après sa mort, à l’institut des archives.

 

lea-goldberg-jeune.jpgEn 1952, Léa Goldberg vint s’établir avec sa mère à Jérusalem. Elle devint maître de conférences à l’Université hébraïque. Elle fut nommée ensuite professeur, et à partir de 1963, fut à la tête du département de littérature comparée. En 1970, elle s’éteignit à la suite d’une grave maladie. Ses écrits parurent après sa mort dans une nouvelle édition.

 

Les poèmes de Léa Goldberg sont écrits dans un style moderniste, sous l’influence de l’Ecole russe. Ils ne possèdent pas un style rhétorique élevé, caractéristique de la poésie de son temps. Leur langage est symboliste, mais simple. Dans ses créations plus tardives, elle fait usage d’affirmations directes pour exprimer son expérience poétique. La plupart de ses poèmes sont lyriques. Léa Goldberg n’a pas écrit de poésie idéologique, ni traité de sujets juifs. La seule exception à ce sujet est le cycle de ses poèmes, intitulé « Face à quatre fils » qui fut écrit après la shoa.

 

Parmi les recueils de poésies de Léa Goldberg : « Ronds de fumée » (1935), « L’épi aux yeux verts » (1940), « A partir de ma vieille maison » (1944), « Sur la fleuraison » (1948), « Eclair du matin » (1955), « Tôt et tard » (1959), « Avec cette nuit » (1964). Ses œuvres en prose les plus importantes : « Lettres d’un voyage imaginaire » (1937), « La lumière vient » (1946), sont essentiellement autobiographiques. Elle écrivit également un livre sur « Sa rencontre avec un poète » (1952) et une pièce de théâtre, « La propriétaire du château » (1956).

 

Les introductions de Léa Goldberg à la littérature européenne et ses connaissances sur les théories littéraires se manifestent dans les recherches et les essais qu’elle écrivit, comme par exemple « Cinq chapitres sur les fondements de la poésie » (1957), « L’art du récit » (1963), « La littérature russe du 19ème » (1968). Léa Goldberg se distingua par ses traductions, parmi lesquelles « Guerre et paix » de Léon Tolstoï, « Nouvelles » de Anton Tchekhov, « Enfance » de Maksim Gorki, pièces de théâtre et poèmes de Henrik Ibsen, William Shakespeare, Pétrarque.

 

Les livres pour enfants qu’écrivit Léa Goldberg, parmi lesquels « Mes amis de la rue Arnon » (1943), « Que font lesleagoldberg-banner.jpg biches ? » (1949), « Petite cabane » (1959), « Un appartement à louer » (1959), « Miracles et merveilles » (1954), « Où est Pluto ? » (1957), « L’homme dérangé de Kfar Azar (1968) sont encore très populaires de nos jours et sont considérés comme le meilleur de la littérature hébraïque destinée aux jeunes lecteurs. Ses poèmes également, qui se caractérisent par un respect tout particulier de la rime et du rythme, sont demeurés populaires dans la culture israélienne et nombre d’entre eux ont été mis en musique et sont devenus des chansons.

 

En 2005, parurent les journaux intimes de Léa Goldberg. Le fait même de leur publication suscita un débat public sur la question de savoir s’il convenait de publier les écrits personnels de la poétesse, alors que durant sa vie, elle avait pris grand soin de protéger à sa vie privée. Cependant, on a soutenu que Léa Goldberg elle-même savait l’importance qu’il y aurait à pouvoir consulter le journal d’un artiste afin d’améliorer la compréhension de son œuvre, et qu’elle y avait fait des allusions dans son journal.

 

SOURCE : http://webkef.com/2691/biographie-lea-goldberg/

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