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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 09:38
« Élie », de Bat Ye’or (roman)

Al-Kahira, 1914-1948
Bien aimés les souffrants

Après Moïse, premier volet d’une trilogie romanesque et historique, Bat Ye’or nous livre le second volume de cette saga où « raïas1 », juifs et chrétiens en terre d’islam, se voient une fois de plus, plongés dans la tourmente des persécutions exacerbées par la montée des nationalismes et la première guerre mondiale entraînant la chute de l’Empire ottoman. Le vingtième siècle s’ouvre à la fois sur l’espoir du progrès et de l’émancipation des minorités toujours confrontées à la barbarie la plus abjecte et, pour les Juifs, celui d’un retour à la terre promise.

Une histoire de fureur et de sang

Comme dans Moïse2, l’auteur nous plonge avec ses personnages, dans un monde bouleversé, complexe, où les vies de chacun sont imbriquées dans l’Histoire qui se déroule sous leurs yeux et va les mener à leur destin. Des familles se fissurent, des couples pourtant aimants vont connaître la tragédie. Des amitiés se défont… Car les évènements politiques exaltent les passions et imposent des engagements radicaux.

La scission se fait entre les générations : entre Behor (fils de Moïse) qui a acquis une situation et une réputation importantes de notable au Caire, et son fils Élie dont la jeunesse s’enflamme pour le retour du peuple juif sur la terre dont il fut chassé. Pour lui, l’émancipation des Juifs et leur retour en Israël pourront abolir leur condition de parias et faire d’eux des êtres libres. C’est pourquoi s’engage dans le sionisme, ce que son père réprouve. Habitués à plier l’échine, les anciens ne voient leur salut que dans la soumission et ils comptent sur les droits formels qu’ils ont acquis, grâce à l’Angleterre et la France qui les protègent, pour voir leur condition s’améliorer. Behor, voudrait que son fils s’intéresse au commerce, fasse fructifier son patrimoine et s’occupe davantage de sa jeune épouse Sarah.

En Palestine, ceux qui ne l’ont jamais quittée vivent sous le joug ottoman dans des conditions de misère effroyable.

L’empire ottoman n’est pas encore vaincu et n’autorise pas les Juifs à retourner en Palestine. De plus, les Chrétiens voient d’un très mauvais œil ce retour possible et veulent – par la voix du pape – faire de Jérusalem la ville Sainte qui sera une succursale du Vatican. Les Chrétiens choisissent dans leur majorité l’alliance avec les Arabes musulmans plutôt qu’avec les Juifs, alors même qu’ils sont, comme eux, traités en dhimmis.

Des personnages complexes

Les contradictions entre Juifs apparaissent aussi entre ceux qui vivent en Europe de l’Est et en Russie, les Ashkénazes et les Juifs orientaux. Les uns et les autres se connaissent peu. Les révolutionnaires ont rompu avec la tradition religieuse. Ils rêvent d’une Palestine où Juifs et arabes vivraient en paix dans une société socialiste égalitaire. Ils savent aussi qu’ils n’en ont pas fini avec les pogroms et le génocide des Arméniens, organisé par les Turcs, annonce la tragédie à venir des Juifs d’Europe.

Elles existent aussi au sein du couple que forment Élie et Sarah. Celle-ci s’ennuie et voudrait que son mari s’occupe d’elle, l’accompagne dans une vie mondaine à laquelle il ne s’intéresse pas, préoccupé qu’il est par l’obsession du sionisme, seule réponse, selon lui, à l’émancipation des Juifs.

Bat Ye’or décrit finement les incompréhensions, les désillusions qui peuvent s’instaurer dans les couples les plus unis. Elle nous plonge dans la tourmente d’une époque violente, ponctuée de bouleversements convulsifs où les proies sont toujours les mêmes : les peuples raïas ballottés comme des fétus de paille au gré des tempêtes.

Grâce à une plume fiévreuse et haletante, elle nous brosse le tableau hallucinant de la barbarie ottomane. Mais aussi celle des foules arabes, illettrées et lésées par un pouvoir qui n’offre rien.

Des personnages engagés dans l’histoire et qui seront transformés par les évènements.

Ils représentent chacun les protagonistes de l’Histoire qui se joue en Égypte mais aussi au niveau mondial avec l’éclatement de la guerre de 14/18 et ses conséquences qui vont apporter des bouleversements décisifs partout dans le monde. C’est ainsi que les identités religieuses vont s’exacerber et détruire des amitiés de jeunesse qui semblaient indéfectibles. Plutôt que de s’unir aux Juifs dans la lutte contre un ennemi commun, les chrétiens vont s’allier aux musulmans, dans leur grande majorité.

Georges est l’ami Arménien d’Élie. Il est confronté à l’horreur du massacre fomenté par les Turcs qui procèdent à un véritable génocide contre les Chrétiens, juste avant la première guerre mondiale. L’auteur rappelle à juste titre que l’Allemagne a non seulement laissé commettre ce génocide mais l’a soutenu.

Karlskov est un militant sioniste communiste. Élie n’a pas son expérience politique et il veut apprendre de ce compagnon rencontré à Jérusalem mais le Russe n’a qu’une idée en tête : instaurer en Palestine une patrie où Juifs et Arabes se convertiront au socialisme pour une société fraternelle et égalitaire. « trop beau pour être vrai », apprend aussi de Karlskov le sort des Juifs d’Europe centrale et en Russie, lieux endémiques de pogroms et d’exactions.

Enfin Kémal, l’ami de jeunesse, est peut-être le personnage le plus complexe, car il est né d’une mère juive yéménite, Nourmahal, vendue très jeune sur un marché d’esclaves et prisonnière d’un harem pour le plaisir du Pacha…

Kemal, qui a hérité de son père, est très riche et jouit d’une position élevée de Pacha mais la quête de son identité le taraude.

Pourtant les évènements vont le conduire à choisir enfin sa destinée. Il tombe amoureux d’une jeune allemande qu’il épouse et dont le frère professe une aversion haineuse pour les Juifs. Déjà le « petit caporal » fait parler de lui et enflamme la volonté de revanche des Allemands. Cette aversion pour les Juifs s’amplifie du fait de la partition de la Palestine et de la création d’un foyer national Juif en 2017 avec la Déclaration Balfour.

Kemal se tourne vers la force et ses doutes, ses atermoiements vont trouver enfin leur solution :

« Au volant de sa décapotable, il traversa Ghezireh. Les palmiers se figeaient dans la chaleur blanche et torride… Kemal souriait, grisé par le vent tiède, la vitesse et le soudain vertige de sa puissance. Il se sentait heureux. Il avait trouvé sa voie, le but de son existence. Il n’était ni Turc, ni Égyptien, ni chrétien, ni juif, ni métis. Il était musulman. »

Ayant enfin trouvé son identité : la foi en l’islam, Kemal va rompre son amitié avec Élie qui devient l’ennemi sioniste.

La réalité charnelle de ces personnages, leurs contradictions et leurs oppositions vont s’entremêler à la trame politique du récit. Les enjeux qui s’intriquent dans les visées des puissances internationales, selon leurs intérêts du moment ou à long terme, finissent toujours par accabler les peuples. Les Juifs et les Chrétiens ont été libérés par les puissances occidentales : la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis qui ont levé les principaux verrous de leur assujettissement, il n’en reste pas moins que ces mêmes puissances manipulent ces minorités, selon leurs intérêts propres. Durant la guerre de 14/18 et dans l’entre-deux guerres, on est fasciné par l’attitude de l’Allemagne – qui se nazifie déjà et avance ses pions aux côtés des Arabes, notamment en Palestine, afin de barrer toute possibilité aux Juifs de construire leur État. La fascination mimétique des Allemands et des Musulmans ne peut s’expliquer que par l’attrait de la force brutale, la volonté hégémonique d’expansion territoriale et la soif totalitaire de régner sur le monde.

Notons aussi le rôle du Vatican qui, dans sa haine atavique du judaïsme va jouer la carte musulmane contre les Juifs. Ces rappels de l’Histoire sont essentiels.

Enfin, le livre pose la question fondamentale de l’engagement. Lorsque les évènements plongent les hommes dans la tourmente, survient la question de l’action et cette question, la pose implicitement à son père Behor :

« cette bibliothèque… C’était un îlot privilégié. A-t-on le droit de s’enfermer dans sa coquille à un moment si critique de son histoire ? Peut-on parler sereinement de philosophie devant les cadavres victimes de l’injustice ? »

Conclusion

Bat Ye’or nous livre avec Élie une saga romanesque, riche d’enseignement psychologique, politique, et historique. Cette œuvre parachève les nombreux essais qu’elle a écrits, fruits de recherches patientes, minutieuses et d’une grande portée historique comme « Le dhimmi 3» ou « Juifs et Chrétiens en terre d’islam » que l’on voit ici s’incarner grâce à des personnages de chair et de sang, d’amour et de larmes, mais aussi d’espoir.

Enfin, la question que pose aussi ce livre est peut-être, en dernière instance, celle qui nous concerne aujourd’hui :

Qu’avons-nous appris dans nos livres d’histoire ? Avons-nous eu clairement connaissance de la barbarie imposée durant des siècles par les envahisseurs turcs et arabo-musulmans ? Les enlèvements d’hommes, de femmes et d’enfants européens sur leurs bateaux arraisonnés par les barbaresques, les marchés aux esclaves où ils se retrouvaient dispersés, vendus comme du bétail, les femmes dédiées aux harems des sultans et autres pachas, les vieillards massacrés. Les conditions avilissantes dans lesquelles vivaient les Juifs et les Chrétiens en terre d’islam. Ce n’est évidemment pas ce qu’on apprend aujourd’hui, ni au collège, ni au lycée. Du reste, la grande majorité des enseignants ignore cette tragédie historique. Elle est connue des seuls historiens travaillant sur ces questions mais nombre d’entre eux cherchent à atténuer, voire falsifier la réalité afin de ne pas « stigmatiser » les musulmans vivant sur notre sol.

Ce livre vient à point pour répercuter une histoire occultée et pour contredire les thèses falsifiées d’un « Islam des lumières » tolérant, ouvert qui aurait inventé les sciences et les arts avant même l’occident du Moyen Âge vivant encore dans les ténèbres de l’ignorance.

Nous entendons, de façon lancinante, les hommes politiques européens, condamner le gouvernement israélien coupable, forcément coupable de toutes les brimades et exactions contre le « peuple palestinien » qui n’a jamais existé, coupable d’apartheid ! Ce roman raconte une autre histoire. Le constat est simple à faire :

les Arabes palestiniens n’ont jamais accepté la fin de leur domination sur les autres peuples : Juifs et Chrétiens.

Ce refus est enkysté en eux, lié à la religion musulmane qui s’est autoproclamée la seule et la plus grande au monde. Leur « gloire » passée s’est imposée par la force brutale, la guerre, les pillages. Pour exister, il leur fallait des dhimmis, peuples autochtones qui devaient se convertir ou accepter la « protection » de leurs assaillants soumis à toutes les humiliations et à l’impôt…

Enfin, ce livre nous oblige à réfléchir sur « l’invasion » migratoire de notre pays par des migrants de religion musulmane. Ils sont ici pour rester, nous martèle l’OCI4 ! Et nos gouvernants ont signé sans trembler les accords de Marrakech en 2018, ouvrant la porte des sociétés occidentales à des peuples ayant pourtant acquis leur indépendance… Il suffit de lire les textes de l’ISESCO5 pour comprendre que nous assistons avec ce « laissez faire, laissez passer » à une invasion pure et simple, avec la complicité de nos gouvernants acquis au mondialisme et au multilatéralisme depuis déjà bien longtemps. Une reconquête est à l’œuvre qui se nourrit de nos lois démocratiques et de notre aveuglement. Un remplacement de population et de civilisation se prépare ! Les idiots utiles du vivre ensemble, ceux qui persistent à l’ignorer sont coupables. Si nous voulons garder notre pays, notre civilisation, notre langue, et s’il n’est pas déjà trop tard, nous devons lire ce roman qui sonne lugubrement comme une prémonition. ET

Évelyne Tschirhart, MABATIM.INFO


1 Les raïas : mot turc signifiant troupeau, indigènes non musulmans dans l’empire ottoman

2 Moïse – premier tome de cette saga.

3 Le dhimmi, profil de l’opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe – Les provinciales 2017 ; Face au danger intégriste, juifs et chrétiens sous l’islam – Berg international Éditeurs 2005

4 OCI : organisation de la coopération islamique

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 10:39

 


Bat Ye'or. (Photo de Pierre lurçat)


Née en Egypte, historienne, Bat Ye'or est l'auteur du livre très remarqué Eurabia, qui est en cours de traduction en hébreu. De passage à Jérusalem pour participer à une conférence sur l'Islam en Europe, sous l'égide de la fondation Adenauer, Bat Ye'or a accordé une interview exclusive au Jerusalem Post édition française, dans laquelle elle revient sur son itinéraire intellectuel et personnel et sur le thème d'Eurabia.

- Qui êtes-vous, Bat Ye'or ?

- Je suis née en Egypte, et j'ai grandi au Caire, jusqu'à l'âge de 20 ans. Ma mère était française et mon père, qui appartenait à une famille juive italienne, avait demandé la nationalité égyptienne, après la promulgation des lois racistes par Mussolini. Après la guerre de 1948, les biens de mon père ont été confisqués, et nous avons dû partir en 1957 avec deux valises en tout et pour tout, en abandonnant tous nos biens et en renonçant à notre nationalité... Lorsque nous sommes arrivés en Angleterre, nous étions apatrides. J'avais commencé à écrire en Egypte, car je me suis toujours sentie comme un écrivain, mais j'ai tout brûlé... En Angleterre j'ai recommencé à écrire, et c'est ce qui m'a aidée à surmonter l'expérience douloureuse du déracinement, en l'examinant du point de vue historique. Je me suis rendu compte que j'avais vécu la destruction d'une communauté juive qui existait depuis l'époque du prophète Jérémie, et qu'il n'existait aucun livre relatant cette histoire et l'agonie de cette communauté. C'est ce qui m'a conduit à écrire mon premier livre, Les Juifs en Egypte. 

- Comment en êtes-vous venue au thème de la dhimmitude, que vous avez été la première à aborder?

- En Angleterre, j'ai rencontré à l'institut d'archéologie celui qui allait devenir mon mari [l'historien David Littman, ndlr], et j'ai entamé mes recherches sur les Juifs d'Orient. Mon projet initial était d'écrire sur la condition des Juifs des pays arabes. J'ai rencontré beaucoup de Juifs qui avaient été expulsés de leur pays d'origine et qui étaient restés en relation, malgré l'éloignement. J'ai été parmi les membres fondateurs du WOJAC, l'association internationale des Juifs des pays arabes. Nous avions tous vécu la même histoire, de persécutions, de spoliations et d'expulsions... C'est au cours de mes recherches que j'ai découvert la condition du dhimmi [c'est-à-dire le statut des non-musulmans monothéistes en terre d'Islam]. Cela a fait l'objet de mon livre Le Dhimmi, paru en 1980. Après sa parution, j'ai été contactée par des chrétiens, et j'ai commencé à m'intéresser à l'islamisation des pays chrétiens, thème auquel j'ai consacré un autre livre.

- Vous avez en fait découvert un pan inexploré de l'histoire mondiale.

- Il existait de très bonnes monographies abordant le thème des conquêtes islamiques, mais toujours du point de vue du vainqueur... Je me suis placée du point de vue des populations conquises, c'est-à-dire des dhimmis. C'est la raison pour laquelle j'ai été attaquée, parce que j'englobais Juifs et chrétiens dans le même concept. A cette époque, aucun historien ne parlait encore de Djihad. C'était un terme presque tabou, parce qu'il contredisait le mythe de la coexistence pacifique en terre d'Islam, que j'ai désigné comme le "mythe andalou".

- C'est dès cette époque que vous avez été critiquée par les tenants d'une vision politiquement correcte de l'histoire ?

- Très innocemment, sans même en être consciente, je m'opposais à la vision communément admise de l'histoire, celle que développe Fernand Braudel dans son livre Méditerranée. Cela m'a pris quatre ans pour pouvoir publier Le Dhimmi, et l'éditeur que j'ai finalement trouvé m'a imposé le sous-titre Profil de l'opprimé, en refusant de parler de Juifs et de chrétiens...

- Comment avez-vous découvert le concept d'Eurabia, qui est entré dans le vocabulaire politique contemporain ?

- Dans mon précédent ouvrage, Juifs et chrétiens sous l'islam, j'examinais les formes historiques de la dhimmitude, et ses prolongements à l'époque contemporaine. Je voyais comment le Djihad se poursuivait à notre époque, sous toutes ses formes, mais je ne comprenais pas pourquoi l'Europe se soumettait à la politique intransigeante et aux diktats de la Ligue arabe, en particulier concernant le conflit avec Israël. Je suis tombée par hasard sur une revue publiée en 1975 par le comité de coordination des associations d'amitié euro-arabe, intitulée Eurabia. C'est à ce moment que j'ai compris qu'il existait une politique euro-arabe. J'ai entrepris des recherches sur ce sujet, qui ont fait l'objet d'un article, puis de mon livre Eurabia, publié d'abord en anglais, puis en français. Des traductions sont en cours en italien, hébreu, allemand et slovène.

- Comment ce livre a-t-il été accueilli?

- Aux Etats-Unis, où il est paru en 2005, il a été bien accueilli, en tout cas par les gens avertis. Il apportait des explications à l'antiaméricanisme, très virulent lors de la guerre en Irak, et notamment à l'attitude de la France et à son animosité envers les Etats-Unis. Eurabia a connu déjà sept rééditions aux Etats-Unis. Le terme a été repris par de nombreux observateurs de la politique internationale.

- Que signifie Eurabia ?

- C'est un nouveau continent qui est en train d'émerger, un continent de culture hybride, arabo-européenne. La culture européenne, dans ses fondements judéo-chrétiens, est en train de s'affaiblir progressivement, et de disparaître pour être remplacée par une nouvelle symbiose, islamo-chrétienne. J'ai reconnu ce processus, que j'avais déjà étudié dans mon livre sur les chrétientés d'Orient, où j'analysais les causes historiques du déclin des civilisations chrétiennes sous l'Islam.

- Comment êtes-vous passée du point de vue de l'historienne à celui de la prospective géopolitique ?

- Ce qui m'a intéressée, c'est de tenter de découvrir les indices qui dessinent une évolution future, les courants souterrains de l'histoire qui mènent à des développements prévisibles, mais souvent imperceptibles. Lors de la conférence organisée à Jérusalem, intitulée "L'Islam en Europe, Islam européen ou Eurabia?", la plupart des conférenciers invités ont nié l'existence d'Eurabia. Pourtant les signes en sont flagrants, tant sur le plan démographique, que politique et culturel. Les millions de manifestants qui soutenaient Saddam Hussein ou Arafat dans les rues des capitales européennes, tout en vouant aux gémonies Bush et Sharon, le développement de l'antisémitisme et de l'intolérance, le terrorisme, l'insécurité permanente...

- La thèse de votre livre est que ces évolutions traduisent une volonté politique délibérée, de la part de l'Europe ?

- Cette politique, désignée sous le vocable trompeur de "dialogue euro-arabe", a été décidée au niveau de la Communauté, puis de l'Union européenne. C'est une politique conjointe, coordonnée entre les institutions européennes et la Ligue arabe. L'Union européenne est devenue un organe politique supranational qui prend des décisions à l'insu des populations. Tous ceux qui ont voulu s'opposer à la politique d'Eurabia, comme Blair ou Aznar, ont finalement perdu les élections. - Etes-vous retournée en Egypte ? - Non, jamais. Mais je n'ai gardé aucune animosité envers les Egyptiens. Il y a dans ce peuple une grande élévation. Les politiques imposées ne parviennent pas à changer la nature humaine.
 

Propos recueillis par Pierre Lurçat

Jerusalem Post 2 janvier, 2007
 

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