L'actualite litteraire en France et en Israel, focalisee sur la litterature juive, israelienne et francaise a themes juifs.
La traduction en France du livre de Yehoshua Kenaz Chair sauvage – un recueil de nouvelles – a permis aux lecteurs francophones de (re)découvrir cet écrivain israélien talentueux, considéré en Israël comme un des plus doués de sa génération (il est né en 1937), même s’il est moins connu que ses contemporains Amos Oz ou A.B. Yehoshua. Kenaz n’est pas seulement écrivain, auteur de romans et de nouvelles, mais aussi traducteur, et il a mis à la portée du public israélien des œuvres aussi variées et importantes que Le Rouge et le Noir de Stendhal ou Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Il a aussi traduit des auteurs plus récents, comme Patrick Modiano et Georges Simenon, pour lequel il a une affection particulière (sa traduction du Voyageur de la Toussaint vient de paraître chez Am Oved).
La relation entre Kenaz et la France remonte au début des années 1960 quand, âgé de 23 ans, il passe deux ans à Paris, où son père avait été envoyé pour son travail. Après avoir étudié à l’Alliance française, le jeune Kenaz suit des cours de civilisation française à la Sorbonne et se met à dévorer les classiques européens. C’est à cette époque qu’il commence à écrire. Jusqu’à aujourd’hui, il continue de se rendre régulièrement en France pour s’isoler de la vie israélienne trépidante et s’immerger dans l’écriture. La langue de Kenaz – à la différence de celle de plusieurs écrivains de la génération suivante, celle de la télévision et des “Sitcom” – est marquée par l’influence des auteurs classiques, russes et français notamment, qu’il a beaucoup pratiqués.
Des écrivains amoureux de la France, de sa cuisine et de son vin…
Un autre écrivain israélien tombé amoureux de la France est Amos Kenan. Figure atypique et originale, Kenan – qui est décédé en août 2009 – était à la fois journaliste, dramaturge et sculpteur. Représentant de la “génération de 48”, il a appartenu successivement au mouvement de jeunesse sioniste-marxiste Hachomer Hatzaïr, puis à l’organisation clandestine Lehi (le fameux “groupe Stern”) avant d’évoluer vers le pacifisme et de rejoindre le mouvement “cananéen”, aux côtés du poète Yonatan Ratosh
Toutefois, le plus francophile des écrivains israéliens est sans doute David Shahar (1926-1997), romancier de grand talent surnommé le “Proust israélien”. La pièce maîtresse de son œuvre romanesque est la grande fresque “Le palais des vases brisés”, qui se déroule à Jérusalem dans les années 1920-1930. Shahar a non seulement passé de longues périodes en France – et notamment en Bretagne où habitait son amie et traductrice, Madeleine Neige – mais il est aussi devenu un auteur reconnu en France, où son œuvre publiée chez Gallimard jouit d’une notoriété presque plus grande qu’en Israël. Il rapporte à ce sujet cette anecdote : un écrivain français en visite en Israël fit un jour la réponse suivante à un journaliste, qui lui demandait s’il avait lu des auteurs israéliens :
“Je suis navré, je n’ai jamais rien lu qui soit écrit par un Israélien ; par contre je connais les livres de quelqu’un qui dit s’appeler David Shahar, mais c’est un Français, c’est évident !”. Shahar considère cette anecdote comme un hommage à sa fidèle traductrice, et il parle à ce sujet d’une “sympathie évidente entre la langue hébraïque et la langue française”. Amoureux de la Bretagne (ceux qui l’ont connu se souviennent de sa pipe et de sa casquette de marin), Shahar est sans doute le seul écrivain israélien qui a donné son nom à une rue de France, dans la ville de Dinard. Il a obtenu le prix Médicis étranger en 1978.
Pierre I Lurçat
Le sujet des relations entre les écrivains israéliens et la France est abordé dans mon dernier livre, Israël le rêve inachevé, qui vient de paraître aux éditions de Paris.
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Ce livre est un « must-read » pour tous ceux qui s’intéressent aux géants de l’Histoire juive contemporaine, à leur biographie, leurs sacrifices, leurs œuvres, leurs dilemmes, leurs accomplissements
Pierre Lurçat publie aux éditions de Paris, Max Chaleil un ouvrage qui fera date et qui n’a qu’un seul défaut… on le quitte alors qu’on aimerait qu’il nous raconte encore ! Plus qu’un simple livre, c’est un véritable « Précis », captivant et bien structuré qui nous présente Israël aujourd’hui, 70 ans à peine, en invitant les pères fondateurs, les idéologues et les écrivains qui l’ont construit.
Il nous invite à analyser comment son identité est liée au droit du pays, à son histoire, et pourquoi le politique est omniprésent.
L’auteur, amoureux d’Israël et vivant à Jérusalem, nous permet de mieux connaître la société israélienne dans toute sa diversité et de comprendre un peu plus ce qu’elle traverse et vit, afin que son rêve inachevé continue envers et contre tout.
Alain Sebban
“Ce livre panoramique, riche en précisions (sur la littérature israélienne contemporaine par exemple), est agrémenté de notes, d’une bibliographie, et est flanqué d’un préambule et d’une conclusion. J’y vois richesse et clarté. Il a le mérite de pouvoir être lu par des connaisseurs, mais aussi par des lecteurs peu avertis. C’est donc un livre qui déploie de belles qualités didactiques et qui désigne un large éventail d’axes de recherche, sans insistance – plutôt par la suggestion.
Ce livre de Pierre Lurçat a, entre autres mérites, celui d’inviter le lecteur à pousser des portes, de nombreuses portes aménagées le long d’axes, de perspectives. C’est un livre discret qui se tient à l’entrée d’un très vaste champ de connaissances – une arborescence ; oui, ce livre a une structure arborescente : il nous invite à marcher sur les voies de la connaissance…”
Olivier Ypsilantis, Zakhor online
Entretien avec Daniel Haïk (Studio Qualita) :
https://www.youtube.com/watch?v=FuQRpm1u8ws
Entretien avec Jean-Patrick Grumberg: