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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 12:07

TEL-AVIV-DANS-LES-ANNES-30.jpgDans des pages inédites en français de son Autobiographie (qui devrait paraître en France à l’automne), Zeev Jabotinsky décrit sa visite chez son ami Dizengoff en 1909 et leur promenade sur les dunes de Jaffa. « Nous construirons ici un faubourg juif », promet le futur maire de Tel-Aviv au jeune dirigeant sioniste, en désignant du doigt l’emplacement de la future métropole… Cent ans plus tard,  Tel-Aviv est au cœur de la vie culturelle israélienne et de nombreuses œuvres littéraires la prennent pour cadre. Cette ville sortie du sable, qui s’est construite quasiment ex nihilo, occupe depuis un siècle un rôle majeur dans la littérature israélienne du Yichouv, puis de l’Etat, que nous allons illustrer à travers quatre auteurs emblématiques de leur génération : S.J. Agnon, Yaakov Shabtaï, Etgar Keret et Orly Castel Bloom.

 

Tel-Aviv avant Tel-Aviv : Agnon et la première ville sioniste

agnon-photo-david-rubinger.jpgSamuel-Joseph Agnon (1888-1970) est sans conteste le plus grand écrivain israélien du 20e siècle, et son œuvre a inspiré et inspire encore d’innombrables auteurs des générations suivantes. Son plus grand roman, Le chien Balak (en hébreu, Hier et avant-hier), est construit tout entier sur la dualité et l’opposition entre Tel-Aviv/Jaffa et Jérusalem, deux villes qui incarnent respectivement le « nouveau Yichouv » et l’Etat juif en construction d’une part, et le « vieux Yichouv » - celui des Juifs orthodoxes qui refusent la modernité et le mouvement sioniste – d’autre part. Le héros du livre, Itshak Kumer, est partagé entre ces deux mondes, à l’instar de l’auteur lui-même, porteur d’une double identité : l’identité du Nouvel Hébreu en gestation sur les dunes de Jaffa et celle du Juif originaire de Galicie.

La Tel-Aviv d’Agnon, telle qu’elle apparaît dans Le chien Balak, est marquée par cette ambivalence, consubstantielle au projet sioniste : à la fois rejet de l’identité juive galoutique, qui se perpétue à Jérusalem et espoir d’une identité nouvelle qui se construit sur le sable de Jaffa. Mais aux yeux d’Agnon, comme dans la pensée du rav Kook, même les fondateurs laïcs de la ville nouvelle sont les instruments du projet divin, comme cela ressort de sa description de la fondation de Tel-Aviv : « Nous rions de ceux qui se trompent naïvement en pensant que c’est par leur force et par la puissance de leurs mains qu’ils ont fait Tel-Aviv. La ville est devenue ce qu’elle est par la force du Dieu vivant… »...

 

Pierre Itshak Lurçat

 

EXTRAIT D'UN ARTICLE PUBLIE DANS ISRAEL MAGAZINE, LE PREMIER MAGAZINE FRANCOPHONE ISRAELIEN


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