A l'ère des réseaux sociaux, on n'échange plus des idées: on "partage" des informations et des "contenus". Cette réalité bien concrète, qui peut sembler triviale, recèle en vérité un changement fondamental, qui affecte non seulement notre manière de dialoguer avec nos prochains, mais également notre manière même d'appréhender le monde. En vérité, ce "partage" d'informations ne consiste pas tant à inviter l'autre à faire sienne notre vision du monde, qu'il ne dénote plutôt notre incapacité croissante à échanger des idées de manière authentique.
Il y a là une manifestation d'une atteinte sans précédent à notre idée même du savoir et de la vérité. Dans un monde saturé d'information et soumis au bruit incessant des "tweeteurs" et d'autres notifications permanentes, nous ne pouvons non seulement plus nous entendre, mais nous sommes devenus sourds à toute voix extérieure, et parfois à notre propre voix intérieure. Le trop-plein d'informations ne tue pas seulement l'information elle-même, mais il anéantit aussi notre capacité de comprendre le monde.
Dans les pages qui suivent, nous avons restreint notre analyse à douze livres qui ont pour point commun de porter sur notre monde un regard à la fois critique et constructif. Les thèmes abordés par les auteurs ici évoqués sont multiples et variés: la "déconstruction" (P.A. Taguieff), l'idéologie post-moderne (S. Trigano), la technologie (N. Postman), l'Homo numericus (E. Sadin), la manipulation des médias (L. Lurçat) ou encore la science (F. Lurçat), etc. Malgré leur disparité apparente, ils participent pourtant d'un même phénomène - dont ils représentent les multiples facettes - qu'on pourrait définir comme la transformation radicale, ou la mutation de l'identité de l'homme.
La violente polémique et les manifestations publiques incessantes suscitées depuis quelques mois en Israël par le projet de réforme judiciaire posent une question essentielle. Comment expliquer que des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent en scandant « Démocratie ! », alors même que l’objectif affiché de la réforme judiciaire est précisément de renforcer la démocratie et l’équilibre des pouvoirs ? Il y a là, de toute évidence, deux conceptions opposées de la nature du régime démocratique.
Pour comprendre les enjeux de ce débat fondamental, il est nécessaire de revenir en arrière, aux débuts de la « Révolution constitutionnelle » menée par le juge Aharon Barak dans les années 1980 et 1990. C’est depuis lors que la Cour suprême s’est octroyée la compétence de dire le droit à la place du législateur, d’annuler les décisions du gouvernement et de l’administration, les nominations de fonctionnaires et de ministres et les décisions des commandants de l’armée, etc. Aucun domaine n’échappe plus à son contrôle omniprésent.
Dans son nouveau livre, Pierre Lurçat retrace l’histoire de cette Révolution passée inaperçue du grand public et explique les enjeux du projet de réforme actuel, en la replaçant dans son contexte historique. Il rappelle ainsi pourquoi Israël ne possède pas de Constitution et montre comment l’extension du domaine de la compétence de la Cour suprême a affaibli les pouvoirs exécutif et législatif, en la transformant de facto en premier pouvoir.
Replaçant la problématique israélienne dans un contexte plus vaste – celui de la montée en puissance d’un « gouvernement des juges » dans la plupart des pays occidentaux, il s’interroge également sur les causes profondes de l’engouement pour la notion d’un pouvoir des juges et du rejet concomitant de la démocratie représentative et du pouvoir politique en général.
L’auteur
Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain (éditions L’éléphant). Il a fondé en 2021 la Bibliothèque sioniste, qui vise à mettre à la portée du lectorat francophone les grands textes des fondateurs du mouvement sioniste et dirigeants de l’Etat d’Israël.
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Maryline Medioni n’est pas seulement une femme de lettres et une poétesse inspirée. Elle est aussi une femme amoureuse. Amoureuse de la vie, de son pays et de la terre d’Israël, et amoureuse tout court. Le recueil de poèmes et de textes en prose qu’elle vient de faire paraître, intitulé Un Amour en Judée - Des soirs et des matins, est le reflet de ses multiples qualités. Le lecteur y découvrira une voix particulière et sensible, nourrie à la double source de la langue française et de la tradition hébraïque.
Son bref recueil, très joliment présenté, aborde des thèmes tels que les « caméléons de Judée », « Ein Bokek » ou « Sion et merveilles ». Dans un poème intitulé « Dieu en attente », elle évoque la « lettre suspendue aux lèvres d’un monde séparé ». Car, explique-t-elle, « tout est en mouvement et tout semble figé, dans l’attente d’un Yod renouvelé ».
Le thème principal, ou plutôt le fil conducteur qui relie tous ses textes est celui de l’amour. Amour d’une femme qui sait combien il est important de « prendre le temps », d’« offrir et donner de son temps » à la personne aimée, chose qui peut paraître évidente, mais qui l’est de moins en moins, à notre époque où notre temps est accaparé à chaque instant par des appareils technologiques chronophages, qui nous détournent de l’essentiel.
L’essentiel aux yeux de Maryline Medioni est sans doute de ne pas oublier la beauté du monde et la richesse de chaque instant. Prendre le temps de contempler la terre et les arbres, comme ces oliviers qui « bombent leurs branches huilées », et aussi la beauté des choses les plus simples comme ce chat « qui miaule à nos pieds nus ».
Poétesse inspirée par la nature et par la terre d’Israël, Maryline Medioni puise aussi son inspiration dans la relation amoureuse, et son évocation érotique s’inscrit dans une lointaine tradition, où l’amour charnel se mêle avec l’amour sacré. « Désir de Dieu » et désir amoureux se confondent dans des textes inspirés, qui évoquent parfois le Cantique des Cantiques ou la poésie de Claude Vigée. Il faut lire ce premier recueil d’une voix prometteuse de la poésie juive en langue française, à laquelle Jacques Eladan avait consacré une belle anthologie et dans le concert de laquelle Maryline Medioni inscrit sa note particulière.
Pierre Lurçat
Maryline Medioni, Un Amour en Judée - Des soirs et des matins, Collection poésie lux-or, Auto-édition, 2023.
Comment et pourquoi le sionisme a-t-il fait revenir un Etat juif sur la scène de l'histoire si c'est pour qu'il devienne un Etat "? comme les autres ? " ?? Et pourquoi malgré tout "? l'Eternité d'Israël ? " s'annonce paradoxalement dans cette entreprise ?? En s'appuyant sur la pensée biblique et sur l'histoire pour éclairer la crise politique et militaire des derniers mois en Israël, ce livre s'efforce de comprendre et résoudre cette contradiction en imaginant un deuxième âge du sionisme, qui porterait à son terme l'espérance que les réalisations et avant tout la résurgence d'un Etat juif -? dans un fracas mondial vingt siècles après sa disparition ? - auront suscitée. Revenant aux fondamentaux prophétiques du "? retour à Sion ? " , dans sa promesse universelle autant que singulière, Shmuel Trigano défriche dans ce livre le chemin embroussaillé qui mène "? de Sion à Jérusalem ? " , dans une perspective qui ferait d'elle le point de convergence des peuples de l'humanité.
Et si l’Iran était aujourd’hui la première organisation criminelle au monde ? Le Corps des gardiens de la révolution islamique, un cartel de narcotrafiquants ? En quoi les mollahs forment-ils une véritable mafia ? Comment la République islamique a-t-elle étendu son emprise délétère, notamment sur l’Europe, en finançant des groupes terroristes avec l’argent de la drogue ?
Des slogans de la révolution khomeiniste aux circuits du blanchiment d’argent sale, Emmanuel Razavi met au jour la face cachée des mollahs et expose les rouages de leur système mortifère.
Pasdarans, caïds, pilotes, dealers, mais aussi agents, peshmergas, avocats et victimes : c’est en investigateur qu’il nous dévoile cet empire mondial du mal.
Un livre informé, implacable, indispensable. Spécialiste du Moyen-Orientet grand reporter pour les rédactionsde Paris Match, Franc-Tireur ou encore Politiqueinternationale, Emmanuel Razavi est l’auteur de plusieursdocumentaires et ouvrages sur les filières liées à l’islamisme.
Le 7 octobre 2023, le Hamas lance une attaque sans précédent contre Israël. Des civils sont massacrés, torturés, violés, brûlés ou enlevés, lors de cette journée la plus meurtrière pour le peuple juif depuis la Seconde Guerre mondiale. Afin de donner un visage à ces femmes, ces hommes et ces enfants, Lee Yaron a écrit leur histoire. Du festival de musique « Tribe of Nova » au kibboutz Be’eri, d’une famille de Bédouins à un rescapé de la Shoah, d’ouvriers agricoles népalais à des réfugiés ukrainiens, la journaliste israélienne recueille chaque détail de cette tragédie pour restituer la violence inouïe qui s’est déchaînée ce jour-là. S’appuyant sur des centaines d’entretiens, de transcriptions d’appels et de messages échangés – précédant parfois l'horreur de quelques secondes –, ce livre est la première grande enquête publiée sur cette journée noire. Suivi d’une postface de Joshua Cohen et en cours de traduction à travers le monde,7 octobredresse un bouleversant mémorial pour les victimes de ce massacre.
Le Rav Avraham Yits'haq HaCohen Kook(1865-1935), premier Grand-Rabbin d'Erets Israël, a exposé dans son oeuvre étendue une pensée particulière. Celle-ci, ancrée dans la tradition d'Israël la plus authentique, révèle les profondeurs des différents mouvements et évènements qui ont bouleversé le devenir du peuple d'Israël et de l'humanité entière au XXesiècle et jusqu'à nos jours.
Dans son oeuvre"Ein AY''A,commentaires desAgadoth (allégories)du Talmud, le Rav Kook éclaire les textes de nos sages d'une lumière renouvelée en y révélant des messages pertinents pour l'époque dans laquelle nous vivons : retour du peuple d'Israël sur sa terre, relation individu - collectivité, particularisme et unité, rationalisme et mystique, rapport à la richesse...
Le présent ouvrage propose au lecteur de langue française la traduction de passages choisis de cette oeuvre.
Biographie
Ronny Sananes, né en France en 1975, ancien E.I., est installé en Israël à partir de 1992. Il est ingénieur en électronique. Il étudie depuis une trentaine d'année les enseignements du Rav Kook de la bouche de ses élèves les plus éminents. Il a choisi et traduit les passages du"Ein AY"Aprésentés dans ce livre.
André Darmon, qui est déjà l’auteur de deux romans* pensait depuis longtemps à écrire sur le pays qu’il s’est choisi il y a 35 ans, Israël. Et le 7 octobre, un tragique paradoxe est apparu soudainement dans toute son ampleur et sa cruauté, alors que l’auteur voulait depuis longtemps nous narrer l’extraordinaire parcours de ce peuple juif revenu sur sa terre. C’est donc le 7 octobre qui lui donnera l’occasion, d’abord de revenir sur les évènements qui ont fait trembler Israël et sur toutes ses valeurs conceptuelles, de revenir sur ce qui a généré ces évènements, et donc sur le quotidien comme sur l’histoire du peuple israélien depuis 75 ans.
Israélien, André Darmon parle hébreu couramment, connaît les moindres parcelles et recoins de cette terre, a dialogué avec tous, Palestiniens compris du temps du Goush Katif, et connait admirablement bien le paysage politique, social et économique. C’est un observateur reconnu et ce livre est pour lui une réponse à toutes les rumeurs, à tous les scenarios échafaudés, surtout en fonction de positions préétablies politiquement. Le livre se veut aussi un écho de toutes les douleurs juives. La Nouvelle guerre d'Israël est la continuation de son réquisitoire contre Tsahal, qui est certes une formidable armée composée de soldats et d’officiers lumineux, patriotes, mais une armée commandée en haut lieu par des hommes et des généraux qui ne pensent surtout qu’à leur retraite, à leur reconversion politique et qui ont fait d’elle, un État dans l’Etat depuis toujours.
André Darmon est né à Paris. Il vit depuis 35 ans en Israël entre Tel-Aviv et Ashdod. Il est reconnu comme celui qui a créé le journalisme francophone en Israël. Il dirige Israël Magazine, le prestigieux mensuel franco-israélien dont il est le rédacteur en chef. Il est également romancier et a écrit deux romans dont un, Les Silences du Ciel, est paru aux Auteurs du monde. Le '7 Octobre' est son premier essai. Pendant les années 1990-2000, il a été à la tête de la communauté francophone d’Israël. Il a également réalisé en 2023 un documentaire: 'Qui a tué Raphael Darmon, relatant l'enquête non résolue quant au décès de son fils Raphaël pensant son service dans Tsahal, le 4 novembre 2006. Le livre lui est dédié.
Historien, Jean-Christophe Notin a interviewé de nombreux compagnons de la Libération mais le seul témoignage dont il se souvienne, à la virgule près, est celui de Louis Picot. Lorsqu’il l’interrogea, il y a deux décennies de cela, ce dernier avait soixante-neuf ans mais, à partir du moment où Jean-Christophe Notin brancha son magnétophone, il redevint l’enfant qu’il était pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pytkowic, ça sonne juif
Lazare Pytkowicz, de son vrai nom, est juif polonais mais il ne le sait pas. Il ne parle pas le yiddish et n’a pas été élevé par ses parents dans le culte de la religion. Il se considère comme tous ses copains. Un vrai titi parisien. Nul doute pourtant qu’il ait lu la pancarte que son père Jankiel a été obligé d’apposer sur son stand de brocanteur -juif- mais pour lui cela n’évoque rien. C’est à cette époque que ses parents choisissent de changer son identité. Il s’appelle désormais Louis Picot « parce que Pytkowicz fait trop juif». Louis, donc, n’est alors qu’un enfant qui a une passion pour les trains électriques. Les premiers temps de l’Occupation n’ont pas encore abîmé son insouciance.
Pourtant son frère et sa sœur ont déjà été arrêtés. Le 16 juillet 1942, il est raflé avec ses parents et sa deuxième sœur à leur domicile rue des Canettes. Direction le Vel d’Hiv.
Déjà Louis n’a qu’une idée en tête : s’évader. Il en fait part à sa mère qui lui intime de rester avec eux mais sa décision est prise. Quand il s’éloigne des siens, Louis ne sait pas encore ce qu’il va faire. D’un geste revanchard mais discret il commence par arracher son étoile jaune. Puis, profitant d’un mouvement de foule, il se retrouve propulsé dans le monde libre. Ce sera sa première évasion mais non sa dernière. Très vite, il va entrer dans la Résistance pour prendre part au combat, venger sa famille. Il n’a que quatorze ans mais déjà il quadrille la ville, juché sur son vélo avec dans son veston, dans ses sacoches, dans le tube de son guidon, des documents à transmettre. « Voilà le rôle qui lui est assigné : Facteur de la Résistance ou, pour être conforme à la terminologie des services, agent de liaison. » Son pseudo : « Petit Louis ». En 1943 il est capturé par la Gestapo qui n’a que faire de son jeune âge. Il sera frappé, torturé mais ne parlera jamais. Son bourreau en chef est Klaus Barbie, à qui il faussera bientôt compagnie. Pendant tout ce temps « Petit Louis » reste sans nouvelles de sa sœur et de ses parents. C’est pour eux qu’il se bat jour et nuit.
Témoignage bouleversant
Son témoignage raconté par Jean-Christophe Notin est édifiant, bouleversant. L’écrivain comble les blancs, revoit les dates, avec lesquelles Louis est parfois fâché, se met dans la peau de ce héros malgré lui à même pas quinze ans.
Pourtant « après-guerre, Louis ne s’épanchait jamais sur le traitement qui lui avait été réservé. Vous pouvez imaginer ce que c’était, résumait-il à sa manière. » C’est une constante que l’historien a souvent observée chez ceux, nombreux, qu’il a pu rencontrer :« Aucun ne voulait rappeler combien l’Homme peut se révéler le pire des animaux ». À la fin de la guerre, le parcours de « Petit Louis » fera de lui un héros national. Nommé à seize ans dans le prestigieux Ordre de la Libération, il en sera désigné toute sa vie comme le plus jeune Compagnon. Une histoire exemplaire que Jean-Christophe Notin nous conte avec autant d’empathie que de talent.
Petit Louisde Jean Christophe Notin, Grasset 215 pages.
Une lune de miel en Amérique du Sud tourne au cauchemar. Un médecin-chef d’un hôpital de Tel-Aviv se sent étrangement proche d’une jeune femme de son service jusqu’à éprouver le besoin impérieux de la protéger. Un couple marié a pour habitude de se promener le samedi matin dans un verger à la périphérie de la ville, mais lorsque l’homme entre pour un instant dans le jardin, il disparaît sans laisser de traces.
Trois histoires d’amour turbulentes et non conventionnelles s’entrecroisent et nous plongent dans l’énigme qui se trouve au cœur de toute intimité. Sans délaisser l’ironie si caractéristique de son écriture, Eshkol Nevo fouille les relations humaines en utilisant habilement les mécanismes du thriller.