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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 08:10

 

 

http://www.actualitte.com/actualite/23497-lecture-judaisme-collection-penser-religion.htm

Rédigé par Cecile Mazin, le lundi 03 janvier 2011 à 16h45

Les Presses Universitaires de France vont inaugurer une nouvelle collection, que dirigera Hervé Landau, et qui seront publiées avec le concours de l’Institut Universitaires d’Etudes Juives Elie Wiesel.

À compter du 19 janvier, les deux premiers titres de Lectures du judaïsme sortiront. Cette collection est entièrement « dédiée au renouveau de la pensée francophone sur le judaïsme ».

Ce corpus en devenir se donne l'ambition de parler du judaïsme, et d'en évoquer les sujets les plus essentiels, « tant sur un plan théorique que sous l’angle de leur évolution littéraire et pratique au fil des siècles ». Il s'agit ainsi de donner au grand public la possibilité de comprendre et découvrir comment, par les textes, s'est forgée toute une « réalité vivante au sein des communautés juives, à travers le monde et au fil du temps ».

Le format des livres devra ainsi être bref, avec moins de 200 pages, imposées aux auteurs, et chacun aura alors pour mission d'appréhender le sujet, en fonction de son champ de compétences. Littérature, sociologie, justice, philosophie ou encore spiritualité et histoire, autant d'aspects pour embrasser plus de 3000 ans d'histoire.

Les deux premiers ouvrages seront ainsi

  • L’idolâtrie ou la question de la part, par Aaron Eliacheff et Franck Alvarez-Pereyre
  • Les fêtes de pèlerinage dans la tradition juive, par Jacky Milewsky

La seconde partie des publications, à partir du printemps 2011, envisagera une étude complète de la relation du sacré et du profane, dans l'enseignement juif, avec l'ouvrage d'Henri Infeld.

Vaste programme

« De même, le rapport à la mort et donc, implicitement, le rapport à la vie, feront eux aussi partie des grands sujets que traitera la collection, répondant aux appels pressants pour une pensée capable d'accompagner les nouveaux défis auxquels se trouve confrontée la médecine moderne.

Ici comme ailleurs, le défi consistera à montrer l'actualité et la pertinence d'une approche qui transcende les effets de modes et l'usure du temps culturel, mais aussi, qui offre des solutions authentiques et réalistes dans une société en mouvement.
»

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 16:17

Sept mois et un jour, de Rivka Ko'hav

 

 

sept-mois-et-un-jour.jpgLe 26 Av 5762, pendant la "deuxième Intifada", un attentat à Jérusalem, à la porte de Damas, coûtait la vie à un jeune Israélien d'une trentaine d'années, Amitaï Yekoutiel, agent de sécurité de la compagnie Bezeq. Amitaï laissait derrière lui une jeune femme, Rika, qu'il avait épousée sept mois seulement auparavant. "Sept mois et un jour" est le recueil des lettres adressées par Rika à son mari, après son décès, dans lesquelles elle lui fait partager ses sentiments, sa difficulté à trouver la force de vivre et  - petit à petit – la façon dont elle retrouve la foi et donne un nouveau sens à sa vie.

 

Le terrorisme arabe et ses victimes juives sont un sujet omniprésent dans l'actualité en Israël, mais rarement évoqué dans la littérature. Shifra Horn avait écrit un beau roman, il y a quelques années, sur ce thème. Il existe aussi des livres de témoignages, souvent écrits par des proches des victimes, comme celui de Bellina Bouaniche, Mon fils ce héros au sourire si doux, qui évoque son fils Itshak, tombé dans un attentat à Hévron. Le livre de Rivka Ko'hav est différent, parce qu'il s'agit de lettres adressées à son mari – qui avaient tout d'abord été publiées en hébreu dans un Sefer Zikaron paru pour l'année de son décès – et parce qu'il ne s'agit pas tant une évocation du jeune homme disparu, que du récit au jour le jour d'une lutte intérieure contre la douleur et contre le désespoir.

 

Rika (devenue plus tard Rivka) a grandi à Marseille dans une famille revenue à la pratique du judaïsme, et est montée en Israël à l'âge de vingt ans. Idéaliste et emplie d'amour d'Israël, elle étudie à Jérusalem et finit par rencontrer Amitaï, après de longues années de recherche de son "mazal". Son bonheur ne dure, hélas, que quelques mois, et la plénitude de la vie conjugale à laquelle elle a aspiré pendant si longtemps est brutalement interrompue par l'attentat, qui lui retire ce qu'elle a de plus précieux. Dire que ce livre ne laissera aucun lecteur indifférent serait en-dessous de la réalité... En vérité, c'est un livre qui est à la fois très émouvant, captivant – il se lit d'une traite – et qui aborde un thème essentiel de l'existence juive, plus souvent traité par des rabbins que par des écrivains : celui de la foi juive confrontée à la souffrance et aux épreuves.

 

Le sujet véritable n'est pas tant l'histoire personnelle de Rika et de son mari, sur lequel on apprend peu de détails concrets, que l'itinéraire spirituel d'une femme juive touchée par le malheur qui apprend à faire face, aidée par quelques amis et par un rabbin, le rav Ben Ichaï – qui a préfacé son livre – et ressort grandie de cette épreuve. "Tout ce qui ne me brise pas me rend plus fort" : cet aphorisme d'un philosophe allemand qui avait une affection particulière pour le peuple d'Israël pourrait bien s'appliquer à l'auteur de Sept mois et un jour, même si la source de son inspiration est entièrement juive. Avec pudeur et sensibilité, elle nous fait partager sa douleur, son questionnement intérieur et son dialogue avec le Créateur.

 

La lecture de ce livre est une expérience qui vous transforme : parce qu'il aborde des questions universelles – la vie, le destin, la souffrance et la mort – mais aussi parce que Rivka Ko'hav y apporte des réponses profondément juives et nous donne une magnifique leçon d'espoir et de "émouna". Son livre est une preuve de la puissance de la littérature : adressé à son mari disparu, il contient un message juif qui est capable de toucher et d'influencer chaque lecteur. "Il y a des gens qui sont vivants mais qui n'éclairent que très peu ceux qui les entourent. D'autres, au contraire, sont déjà partis dans le monde futur, mais éclairent toutes les générations par leur enseignement, leur conduite, leur modèle". Ces phrases tirées d'une lettre de Rika à son mari prennent tout leur sens à la lecture de ce livre. En publiant ces lettres – dont le style, à la fois simple et authentique, a une valeur littéraire véritable – l'auteur fait non seulement une œuvre de mémoire, mais elle nous offre aussi un merveilleux cadeau.

                                                                                                                                         Itshak Lurçat

 

Sept mois et un jour, éditions Sifriat Ko'hav, Jérusalem. (En vente à la librairie fondée par Rivka Ko'hav et son nouveau mari, 35 Mekor Haim, Jérusalem, 02-6788010).

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 12:48

AFTALION.jpgL’histoire que je raconte dans ces pages est plus précisément celle des communautés ashkénazes de Russie, Ukraine, Pologne Lituanie, Galicie et Moldavie. Elle court de l’époque napoléonienne et jusqu’à ce que, vers 1970, s’achève l’intégration de la troisième génération de descendants des immigrants en Amérique du début du siècle.

Immigrés aux États-Unis leur sort changea du tout au tout. Dans une société en développement économique rapide où ils jouissaient des droits civiques et n’étaient victimes que de relativement peu de discriminations, ils libéralisèrent leur religion et firent tomber leurs propres préventions et interdits. Ils s’intégrèrent avec enthousiasme à la civilisation de ce pays, véritable Eldorado plus encore que nouvelle Jérusalem, et réussirent une ascension sociale et intellectuelle fulgurante. Les descendants de misérables immigrés obtinrent des dizaines de prix Nobel et formèrent, à l’aube des années 1970, le groupe ethnique le plus prospère des États-Unis. Le dernier chapitre de cet ouvrage donne l’explication de ce véritable miracle.

Cette explication fait appel à la sociologie et à l’économie et repose sur les recherches les plus récentes dans ces domaines. Elle est donc hautement originale et se différencie clairement de l’abondante littérature traitant des Juifs et de l’argent ou décrivant les pérégrinations du peuple élu. Elle invoque indirectement la religion qui, en obligeant les pères à enseigner la lecture de la Torah à leurs fils, a fait des Juifs, depuis des temps fort reculés, des lettrés.

Leur lettrisme a constitué pour les Juifs un atout économique considérable dont ils ont tiré avantage en s’urbanisant et en se spécialisant dans des métiers d’intermédiation et d’artisanat. Arrivés dans une Amérique en forte croissance économique et en pleine urbanisation et où, de surcroit, la production de vêtements, l’une de leurs spécialisations traditionnelles, connaissait un développement sans précédent.

Florin Aftalion, professeur émérite à l’ESSEC a également enseigné aux Universités de New York, Northwestern et Tel-Aviv.

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 18:58

http://www.myboox.fr/actualite/le-prix-simone-de-beauvoir-ludmila-oulitskaia-5271.html

 

oulitskaiaDécerné jeudi dernier, le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2011 honore une grande figure de la littérature contemporaine russe. Ludmila Oulitskaïa recevra sa récompense, dotée de 30.000 euros, le 10 janvier au Café Les Deux-Magots à Paris.

C’est pour son «sens aigu de la justice et de la démocratie» que les jurés du prix ont consacré l’auteur de Sonietchka ou de Mensonges de femmes. Une écrivain qui place la question de la condition féminine au cœur de son œuvre, ose s'élever contre le pouvoir russe et soutient la cause des enfants à travers le monde. Composé notamment d’Elisabeth Badinter, de Chahla Chafiq, d’Annie Ernaux, de Josyane Savigneau et de Julia Kristeva, sa présidente, le jury a ainsi mis «l'accent sur la créativité des femmes, dans laquelle se manifeste et s'affirme leur émancipation».

Créé lors du centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, en 2008, le prix est parrainé par Culturesfrance, le CNL, les éditions Gallimard et l'Université Paris Diderot. Ludmila Oulitskaïa succède à la Bangladaise Taslima Nasreen et à la Somalienne Ayaan Hirsi Ali, lauréates en 2008, à une campagne contre les lois discriminatoires en Iran distinguée en 2009, et aux Chinoises Ai Xiaoming et Guo Jianmei, récompensées en 2010.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 15:04

www.lemonde.fr

Qui sont ces "hommes en noir", ces juifs barbus qui arpentent les grandes villes d'un pas pressé ou qui, dans certains quartiers, déploient des trésors de persuasion pour faire revenir à la pratique leurs coreligionnaires ? Laurence Podselver, anthropologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, qui a fait de la mouvance orthodoxe la plus visible, les Loubavitch, son terrain d'étude depuis les années 1980, nous fait pénétrer leur univers mental et social ; certes, avec la distance qui convient au chercheur, mais non sans empathie.

Le terme "Loubavitch" désigne une branche du "hassidisme" (de l'hébreu hassid, qui signifie "pieux"), piétisme ashkénaze né dans l'Europe orientale du XVIIIe siècle. La figure fondatrice en fut le rabbin Chnéour Zalman de Lyadi (1745-1813), auteur de l'ouvrage de référence du mouvement, le Tanya, considéré comme la version la plus intellectuellement élaborée du hassidisme.

Pourtant, l'ésotérisme cabalistique qui imprègne le hassidisme va de pair avec un judaïsme populaire, et c'est cela qui intéresse Laurence Podselver dans son étude.

Les Loubavitch affichent, en effet, une ferveur et un militantisme auprès des autres juifs qui les distinguent du reste des hassidim, plus repliés sur eux-mêmes.

"JUDAÏSME ORGANISÉ"

L'auteure a accompagné l'extension et l'implantation de ce mouvement en France, depuis l'immédiat après-guerre, quand une dizaine de familles de "Russes" se regroupaient autour de l'école rabbinique de Brunoy (Essonne) jusqu'à aujourd'hui, où le nombre d'adeptes évoluant dans la sphère Loubavitch en France - difficile à chiffrer - tournerait autour de trente mille. L'influence des Loubavitch sur les institutions juives et le "judaïsme organisé" ne cesse parallèlement de croître.

A l'instar des groupes hassidiques, les Loubavitch sont organisés autour de dynasties de leaders, dont le dernier, Menahem Mendel Schneerson (1904-1994), s'était rendu célèbre en annonçant, en 1991, depuis sa résidence de Crown Heights à Brooklyn, l'imminence de l'ère messianique.

Tel que l'anthropologue le décrit, le mouvement Loubavitch est hiérarchisé sur le mode charismatique, c'est-à-dire s'organise autour de l'autorité morale et intellectuelle du "rabbi" sur ses fidèles, et non sur la contrainte ni la manipulation, comme dans une secte. Une relation "personnelle" se noue au travers des savoureux pèlerinages à New York, naguère récompensés par le fameux dollar offert par le "rabbi" lui-même.

Le cas français a ceci de particulier que ce groupe, dont les usages et la langue de référence (le yiddish) renvoient à la réalité du judaïsme est-européen d'avant la Shoah, rassemble en France ce que Laurence Podselver appelle "les juifs du retour", pour l'essentiel originaires du Maghreb ou convertis.

Pour elle, l'effervescence communautaire et régionaliste qui a marqué le début de la décennie 1980 explique l'itinéraire de ces juifs qui ont souvent cherché à approfondir un terreau d'origine parfois déjà traditionaliste. Contre toute attente, cet engagement a survécu au contexte idéologique qui l'a vu naître - même si les départs existent.

Clair, bien que parfois saturé de références aux grands maîtres de la sociologie, cet ouvrage a le mérite de multiplier les récits et témoignages individuels sur des itinéraires cimentés plutôt que fragilisés par leur nature insolite. Nicolas WEILL.


Retour au judaïsme ? Les Loubavitch en France de Laurence Podselver. Odile Jacob, 338 p., 24,90 €

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 17:05
AMERIQUE DES NEO CONSAlain FRACHON,
Daniel VERNET

Parution : novembre 2010
ISBN : 978-2-262-03489-4
Pages : 288
Prix : 8,50€

documentation

Le livre pour comprendre l'Amérique après le fiasco de la guerre en Irak.

Inspirateurs de la guerre en Irak, les néo-conservateurs sont devenus aussi célèbres que critiqués pour leur entêtement idéologique. Pourtant, ils demeurent méconnus. Intellectuels atypiques, parfois issus de la gauche, ils portent depuis trente ans les mêmes valeurs.
Qui sont les néo-conservateurs et combien sont-ils ? Quels sont leurs réseaux et leur influence réelle ? Ont-ils encore des soutiens depuis l'élection de Barack Obama ? La démocratie telle que les Etats-Unis la conçoivent est-elle la meilleure garantie de la paix internationale ? Doit-elle être exportée, au besoin à la pointe des baïonnettes ? Faut-il s'accommoder des dictatures quand elles sont des alliées ? C'est à toutes ces questions que répond ce livre enquête passionnant, nourri de nombreux entretiens et riche en révélations sur les coulisses de la Maison Blanche.

Spécialiste des questions internationales, Alain Frachon est éditorialiste au Monde.
Ancien directeur de la rédaction du
Monde et spécialiste des relations internationales, Daniel Vernet est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont, récemment, 1989-2009 : les tribulations de la liberté.

« L'étude la plus équilibrée du courant néo-conservateur. »
Francis Fukuyama

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 09:58


resistances-juives.jpgPréfacé par Simone Veil, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Serge Klarsfeld et André Kaspi et soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Né en 1910, Georges Loinger a traversé le XXe siècle. Grande figure de la résistance juive, il témoigne de la réalité de l’engagement des Juifs contre l’occupant et le gouvernement de Vichy.
Grâce à son exceptionnelle mémoire, il retrace l’histoire des réseaux juifs de sauvetage et rend hommage aux Justes, reconnus ou anonymes ; sans leur aide, dispensée sur l’ensemble du territoire, les arrestations et les déportations auraient été beaucoup plus nombreuses.

Un ouvrage à la mémoire de ces femmes et de ces hommes admirables qui ont su faire face.

Grand résistant, centenaire depuis quelques mois, Georges Loinger est président de l’Association des Anciens de la Résistance juive en France et Vice Président des Anciens de la Résistance en France. Membre important de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants), il organise jusqu’à la Libération le sauvetage de plusieurs milliers d’enfants juifs qu’il fait convoyer via Annemasse jusqu’en Suisse. Après la guerre, il œuvre pour faciliter le passage des rescapés du nazisme en Palestine et joue un grand rôle dans l’affaire de l’Exodus lorsque ce bateau fait escale en France.

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 14:31

 

Décidément, Freddy Eytan est un bourreau d’écriture. Avec un talent fou : celui de varier les sujets d’un ouvrage à l’autre. On n’a pas fini de lire l’un de ses livres qu’il nous en propose un autre et dans un tout autre registre. Récemment encore, il se penchait sur les rapports entre le président Nicolas Sarkozy, le monde juif et Israël (1). Dans son nouveau livre, celui qui fut un brillant diplomate israélien d’origine tunisienne aborde le drame de la Shoah en se proposant de présenter ce délicat sujet de manière pédagogique. « Pour la première fois, nous dit l’auteur, on tentera d’expliquer l’histoire de la Shoah sous un angle franco-israélien en accentuant l’aspect judéo-musulman, sans oublier, bien entendu, le rôle de l’Eglise et le dialogue judéo-chrétien.
 
L’approche est méditée dans un esprit didactique et pédagogique, de réconciliation, de coexistence, de solidarité et de paix ». Tout est dit dans ces propos liminaires et l’ouvrage, qui s’ouvre sur le procès d’Adolf Eichman à Jérusalem, tient bien, pour l’essentiel, ses promesses. Pour ce qui est de l’aspect judéo-musulman cher à Freddy Eytan qui, dans une vie antérieure, s’appelait Mettoudi (2), un nom bien « tune », l’auteur fustige ces jeunes gamins palestiniens embrigadés par le Hamas qui traite les Juifs de « sales et puants » et lui suggère de relire « les merveilleuses sourates du Coran qui rappellent l’importance du Livre de la Loi de Moïse et le rôle constructif des enfants d’Israël ». Néanmoins, la description que fait Freddy Eytan de la dhimma, la condition infamante des Juifs en terre d’islam est quelque peu édulcorée, bien loin de la vision de Fenton et Littman (3). La fascination du monde arabe, en son temps, pour les thèses d’Hitler est également minimisée.
 
Se lançant dans la politique fiction, Freddy Eytan imagine une loi raciale soit adoptée en France contre les Musulmans, provoquant leur départ massif. Et l’auteur de s’écrier : « Les dirigeants de la communauté juive ne seraient-ils pas révoltés ? ». Un cahier iconographique et des cartes agrémente cet ouvrage fouillé et intéressant.
 
Jean-Pierre Allali
 
(*) Éditions Alphée/Jean-Paul Bertrand. Monaco. Avril 2010. 286 pages. 21,90 euros
(1)Sarkozy, le monde juif et Israël. Éditions Alphée/Jean-Paul Bertrand. Monaco. Septembre 2009. Voir notre recension dans la Newsletter du 16-12-2009.
(2)Lire L’autre visage d’Israël. Éditions du Rocher. 2006. Voir notre recension dans la Newsletter du 09-06-2006.
(3)Dans leur récent ouvrage : L’exil au Maghreb. La condition juive sous l’islam. 1148-1912. Éditions PUPS. Novembre 2010. Voir notre recension dans la Newsletter du 31-11-2010.
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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 20:43

www.crif.org

 

Grâce soit rendue à Emmanuelle Alhadef et aux Éditions Yodéa de nous avoir fait découvrir la romancière d’exception qu’est Naomi Ragen. Cette Juive américaine, née à Brooklyn en 1949 au sein d’une famille orthodoxe, s’est installée à Jérusalem avec son mari en 1971. Bien qu’elle soit elle même très religieuse, elle s’est lancée avec courage dans un combat féministe en s’impliquant avec fougue dans les problèmes sociétaux que rencontrent les milieux rigoristes en Israël. Après le somptueux Sotah. Soupçon d’adultère, son deuxième roman paru en 1992, tête des ventes en Israël pendant 92 semaines (1), prix Wizo 2010, les éditions Yodéa nous permettent de lire enfin en français son premier roman, Fille de Jephté.
 
Tous les thèmes traités dans Sotah sont déjà présents dans Fille de Jephté : les mariages arrangés, la violence conjugale, l’adultère, l’amour vrai…
 
L’héroïne de ce très beau roman, Batsheva est la fille unique d’Abraham Ha-Lévi, dernier survivant d’une dynastie de rabbins hassidiques dont une grande partie a été décimée par la Shoah. Pour s’assurer une descendance, Abraham Ha-Lévi va forcer sa fille à épouser, contre son gré et ses inclinations-elle adore les jolis vêtements, les romans d’amour et la photographie- un étudiant en Talmud, Isaac Meyer Harshen, certes brillantissime, mais qui se révélera très vite violent et mauvais père. C’est la révolte de Batsheva et son lent cheminement vers la libération et la découverte de la « vraie vie », que nous raconte avec talent Naomi Ragen. À dévorer, toutes affaires cessantes.
 
Jean-Pierre Allali
 
(*) Éditions Yodéa. Septembre 2010. Traduit de l’américain par Véronique Perl-Moraitis. 528 pages. 21 euros.
(1) Voir notre recension dans la Newsletter du 04-01-2010.
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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:17

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/12/02/romain-gary-l-homme-aux-multiples-visages_1447781_3260.html

 

romain-gary-le-camlon-7949260Les grands écrivains ont toujours une conscience aiguë de leur oeuvre et Romain Gary n'échappe pas à la règle. "Ce manuscrit de mon premier roman écrit à 17 ans ne doit pas être publié. Il peut être ouvert." C'est seulement le 16 décembre 1979, soit un peu moins d'un an avant son suicide, qu'il trace ces quelques lignes à l'encre noire sur une étiquette qu'il colle sur le cahier de La Geste grimaçante, écrit en 1934. On imagine l'écrivain, en robe de chambre, fatigué, au seuil de ses double, triple, voire quadruple vies (la mystification Ajar n'est pas encore révélée), qui classe ses manuscrits conservés depuis l'adolescence, faisant le tri entre ceux qui doivent passer à la postérité et ceux qu'il entend laisser dans l'ombre...

Romain Gary s'est suicidé il y a trente ans, le 2 décembre 1980, en se tirant une balle de pistolet dans la bouche. L'actrice Jean Seberg, avec laquelle il avait eu un fils, Diego, s'était, elle aussi, suicidée, quatorze mois plus tôt.

Le texte de La Geste grimaçante est pour la première fois exposé au Musée des lettres et manuscrits (MLM), à Paris. Il est l'un des nombreux manuscrits (plus de vingt) du romancier présentés dans le cadre de l'exposition "Romain Gary, des "Racines du ciel" à "La Vie devant soi"", la première à lui être entièrement consacrée. Diego Gary, fils de l'écrivain, a passé un accord avec Gérard Lhéritier, mécène et président du MLM, qui gardera les manuscrits en dépôt, après l'exposition. Sont aussi présentés ceux du Charlatan (inédit), de Chien blanc, de Gros-Câlin, de La Vie devant soi, de Clair de femme, de La nuit sera calme, etc. On constate que l'écrivain affectionnait particulièrement les cahiers noirs cartonnés à 32 lignes, de la marque Dauphin.

Au fil du temps, mais parfois à une seule année de distance, l'écriture de Romain Gary varie énormément. De manière troublante, elle prend parfois des allures féminines. Sa manière de travailler est aussi montrée, grâce à des extraits de sa documentation, des articles de journaux, des pièces manuscrites ou photocopiées, disposés à côté des textes originaux. Dans une vitrine, sont ainsi exposées les neuf versions du premier chapitre des Enchanteurs.

Par un singulier hasard, la première exposition consacrée à Romain Gary et à ses écrits se tient à deux pas de sa dernière résidence parisienne. Dans un supplément de 12 pages du Point, Jean-Paul Enthoven raconte que Romain Gary avait acheté une robe de chambre "Aux laines écossaises", une boutique qui existe toujours sur le boulevard Saint-Germain. Il l'avait choisie rouge pour que les taches de sang liées à son suicide effraient le moins possible ceux qui seraient amenés à découvrir sa dépouille mortelle. Un geste d'une élégance typiquement "garyenne".

Des laines écossaises, on passe forcément au caméléon, un animal totem pour Romain Gary, l'homme aux multiples visages. Ne dit-on pas que, pour rendre fou un caméléon, il suffit de le placer sur un plaid écossais ? Dans le cas de Romain Kacew, juif lituanien, né en 1914 à Vilnius et naturalisé français en 1935, cette parenté tient juste au fait que l'écrivain affectionnait les masques. Dans toutes ses vies (aviateur, diplomate, réalisateur de cinéma...), il a en effet usé de nombreux pseudonymes : Romain Gary, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat, Emile Ajar. Dans La Promesse de l'aube, son roman le plus célèbre, il regrette même de ne pas avoir trouvé "de Gaulle" - dont il fut le compagnon à Londres en 1940 -, mais avec un seul "l", bien sûr. Il écrit aussi en plusieurs langues, en français et en anglais, tout en sachant parler le russe, le polonais, le lituanien.

Pour accompagner cette exposition qui célèbre le 30e anniversaire de la disparition de Romain Gary, deux beaux livres : l'un qui en est le catalogue, mais qui est aussi une relecture de l'oeuvre par douze écrivains parmi lesquels Paul Audi, Pierre Bayard, Nancy Huston, Jean-Marie Rouart, etc. ; l'autre est un livre album, intitulé Romain Gary, l'enchanteur. Publié chez Textuel, dans la collection "Passion", ce deuxième ouvrage est réalisé par Myriam Annissimov, la spécialiste incontestée de Romain Gary, auteur de la biographie de référence Romain Gary, le caméléon (Denoël, 2004), qui est toujours disponible.


Exposition "Romain Gary, des "Racines du ciel" à "La Vie devant soi"", 3 décembre-20 février 2011, Musée des lettres et manuscrits, 222, bd Saint-Germain, Paris 7e. De 10 heures à 19 heures, nocturne le jeudi jusqu'à 21 h 30, fermé le lundi. Entrée 7 €, tarif réduit 5 €. Tél. : 01-42-22-48-48. Sur le Web : www.museedeslettres.fr.

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