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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 13:29
EN LIBRAIRIE - Face à l'opacité du monde, des livres qui nous éclairent

A l'ère des réseaux sociaux, on n'échange plus des idées: on "partage" des informations et des "contenus". Cette réalité bien concrète, qui peut sembler triviale, recèle en vérité un changement fondamental, qui affecte non seulement notre manière de dialoguer avec nos prochains, mais également notre manière même d'appréhender le monde. En vérité, ce "partage" d'informations ne consiste pas tant à inviter l'autre à faire sienne notre vision du monde, qu'il ne dénote plutôt notre incapacité croissante à échanger des idées de manière authentique.

Il y a là une manifestation d'une atteinte sans précédent à notre idée même du savoir et de la vérité. Dans un monde saturé d'information et soumis au bruit incessant des "tweeteurs" et d'autres notifications permanentes, nous ne pouvons non seulement plus nous entendre, mais nous sommes devenus sourds à toute voix extérieure, et parfois à notre propre voix intérieure. Le trop-plein d'informations ne tue pas seulement l'information elle-même, mais il anéantit aussi notre capacité de comprendre le monde.

Dans les pages qui suivent, nous avons restreint notre analyse à douze livres qui ont pour point commun de porter sur notre monde un regard à la fois critique et constructif. Les thèmes abordés par les auteurs ici évoqués sont multiples et variés: la "déconstruction" (P.A. Taguieff), l'idéologie post-moderne (S. Trigano), la technologie (N. Postman), l'Homo numericus (E. Sadin), la manipulation des médias (L. Lurçat) ou encore la science (F. Lurçat), etc. Malgré leur disparité apparente, ils participent pourtant d'un même phénomène - dont ils représentent les multiples facettes - qu'on pourrait définir comme la transformation radicale, ou la mutation de l'identité de l'homme.

Face à l'opacité du monde (bod.fr)

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19 juillet 2023 3 19 /07 /juillet /2023 07:39
Lectures de Jean-Pierre Allali  - Quelle démocratie pour Israël? par Pierre Lurçat

Quelle démocratie pour Israël ? - Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ?, par Pierre Lurçat  (*)

 

Depuis plusieurs mois, à l’appel d’organisations de gauche et d’opposants à Benyamin Netanyahu, des milliers de personnes manifestent en Israël aux cris de « Demokratia, demokratia ! ». Le Premier ministre, malgré certains succès politiques, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, est voué aux gémonies. On murmure qu’Israël, jusqu’ici montré en exemple comme pays de libertés, est en passe de devenir une dictature. Un éclairage objectif et argumenté devenait nécessaire. C’est pourquoi on sera infiniment reconnaissant au juriste, essayiste et traducteur israélien, Pierre Lurçat, de nous éclairer sur ce sujet sensible et controversé.

Comme le dit le titre de l’ouvrage, la question centrale est simple : qui détient le pouvoir ? Les élus du peuple, issus d’élections ou les juges ? Et, comme on va le voir, en Israël, ce n’est pas si simple ! Les choses ont commencé à se compliquer en 1990 avec la « Révolution constitutionnelle » initiée par le juge Aharon Barak, un véritable « putsch judiciaire ». C’est en effet à cette occasion qu’a été instauré un système judiciaire et politique sans équivalent dans le monde démocratique. Dès lors, la Cour suprême la plus activiste du monde s’est arrogé un droit de regard sur la quasi-totalité des décisions et des actes du gouvernement, de l’armée ou encore de l’administration. Il faut dire que l’absence de constitution a facilité grandement cette situation. Eh oui, Israël n’a toujours pas, soixante-quinze ans après sa renaissance, de constitution et se contente de lois dites « fondamentales ». En 1948, David Ben Gourion avait préféré temporiser et, entre 1958 et 1992, neuf lois fondamentales ont été adoptées ; la loi fondamentale sur la Knesset, celle sur les terres de l’État, celle sur le gouvernement, celle sur le budget, celle sur l’armée, celle sur Jérusalem, capitale d’Israël, celle sur le pouvoir judiciaire et celle sur le contrôleur de l’État. Plus tard, viendront s’ajouter la loi fondamentale sur la dignité et la liberté humaine et sur la liberté professionnelle.

Pierre Lurçat nous explique comment le juge Aharon Barak, lui-même d’origine lituanienne a réussi, petit à petit au fil des ans, à rogner sur les pouvoirs des élus au profit des juges. Et c’est ainsi qu’un groupe minoritaire de « Juifs d’origine ashkénaze, laïcs et de gauche » a littéralement pris le pouvoir. Lurçat ne mâche pas ses mots parlant de « conception totalitaire et quasi-religieuse du droit » ou encore de « fondamentalisme juridique ».

Dès lors, le projet de réforme judiciaire proposé par Benyamin Netanyahu, n’a comme objectif que de redonner à la Knesset plus de pouvoir et à limiter celui des juges devenus envahissant. Une réforme du système de nomination des juges fait partie des pistes de réflexion. Comme aussi, l’idée de réformer les pouvoirs du conseiller juridique du gouvernement.

Une étude magistrale et édifiante !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions L’Éléphant, avril 2023, 132 pages

Lectures de Jean-Pierre Allali - Quelle démocratie pour Israël ?, par Pierre Lurçat | Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

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3 avril 2023 1 03 /04 /avril /2023 16:49
ILS ONT LU “QUELLE DEMOCRATIE POUR ISRAEL?”

 

Un livre politique qui se lit comme un roman policier”.

 

Liliane Messika, Mabatim

 

Dans ce petit livre très dense et très pédagogique, Pierre Lurçat nous éclaire sur la crise actuelle que traverse Israël”.

Evelyne Tschirhart

 

On ne peut imaginer ouvrage plus clair et plus adéquat pour comprendre quel est l’enjeu de ce qui s’est passé dans le pays”.

Rav Kahn, Kountrass

 

Un ouvrage court et très agréable à lire”.

Bernard Abouaf, Radio Shalom

 

Le livre à lire impérativement pour comprendre le projet de réforme judiciaire en Israël”.

Albert Lévy, Amazon

 

La violente polémique et les manifestations publiques incessantes suscitées depuis quelques mois en Israël par le projet de réforme judiciaire posent une question essentielle. Comment expliquer que des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent en scandant « Démocratie ! », alors même que l’objectif affiché de la réforme judiciaire est précisément de renforcer la démocratie et l’équilibre des pouvoirs ? Il y a là, de toute évidence, deux conceptions opposées de la nature du régime démocratique.

Pour comprendre les enjeux de ce débat fondamental, il est nécessaire de revenir en arrière, aux débuts de la « Révolution constitutionnelle » menée par le juge Aharon Barak dans les années 1980 et 1990. C’est depuis lors que la Cour suprême s’est octroyée la compétence de dire le droit à la place du législateur, d’annuler les décisions du gouvernement et de l’administration, les nominations de fonctionnaires et de ministres et les décisions des commandants de l’armée, etc. Aucun domaine n’échappe plus à son contrôle omniprésent.

Dans son nouveau livre, Pierre Lurçat retrace l’histoire de cette Révolution passée inaperçue du grand public et explique les enjeux du projet de réforme actuel, en la replaçant dans son contexte historique. Il rappelle ainsi pourquoi Israël ne possède pas de Constitution et montre comment l’extension du domaine de la compétence de la Cour suprême a affaibli les pouvoirs exécutif et législatif, en la transformant de facto en premier pouvoir.

Replaçant la problématique israélienne dans un contexte plus vaste – celui de la montée en puissance d’un « gouvernement des juges » dans la plupart des pays occidentaux, il s’interroge également sur les causes profondes de l’engouement pour la notion d’un pouvoir des juges et du rejet concomitant de la démocratie représentative et du pouvoir politique en général.

L’auteur

Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain (éditions L’éléphant). Il a fondé en 2021 la Bibliothèque sioniste, qui vise à mettre à la portée du lectorat francophone les grands textes des fondateurs du mouvement sioniste et dirigeants de l’Etat d’Israël.

 EN VENTE SUR AMAZON et bientôt sur B.O.D et dans toutes les librairies!

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 12:43
« Face à l’opacité du monde » Un regard lucide et éclairant de Pierre Lurçat sur le monde qui s’installe à bas bruit.

L’intérêt de ce livre

 

Pierre Lurçat prend comme objet de réflexion onze ouvrages de penseurs[1] qui se sont interrogés sur les dérives de notre temps. Ces dérives concernent les nouvelles technologies, la science « sans conscience », l’intelligence artificielle qui serait sensée remplacer celle de l’homme, allant jusqu’à un changement anthropologique peut-être irréversible. En somme la déconstruction du réel. Ajoutons le rôle des médias omniprésents, de la télévision, de l’internet, du téléphone portable et de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’une déconstruction radicale de l’homme qui renvoie aujourd’hui à sa « défiguration ». Car c’est non seulement notre image qui change mais notre « être au monde ». Ce monde d’avant qu’on voudrait effacer pour nous imposer un monde totalitaire où l’homme ne serait qu’un robot, un exécutant privé d’esprit critique, un clone répété, sélectionné selon ses compétences requises… Cela n’est pas sans nous rappeler « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley.

Chaque ouvrage, en fonction des champs d’investigation des auteurs, nous fait toucher du doigt les changements qui pervertissent l’immense potentiel des capacités humaines, cognitives, mais aussi artistiques. Les œuvres du passé témoignent de la grandeur des savoirs faire, produits de l’ingéniosité, de la recherche artistique mais aussi de la foi religieuse.

Sans vouloir donner une analyse exhaustive des livres présentés par Pierre Lurçat, nous nous attarderons sur quelques exemples des différents domaines abordés afin d’amener le lecteur à réfléchir sur le bouleversement qui est en train de se produire et qui, selon moi, vise à subvertir notre vie, notre culture, notre langue et notre civilisation. Chaque jour, on nous manipule et nous transforme au nom d’un « progrès » nécessaire (pour notre bien) et démoniaque.

 Nous assistons à la disparition de ce qui a permis à l’homme de progresser, de créer librement, mu par le sentiment que son destin est de s’accomplir dans la recherche du Bien et du Beau et de la transmission. On le voit avec l’invasion de l’Art contemporain qui nous a été imposé (en France) par le ministère de la culture et qui se vend comme un produit financier qui rapporte gros. Mais le plus grave, c’est qu’il évince les vrais artistes, ceux qui travaillent encore avec la main ! [2] Pierre Legendre évoque à ce sujet, un texte d’Henri Focillon : « L’éloge de la main » : « Quel est ce privilège ? Pourquoi l’organe muet et aveugle nous parle-t-il avec tant de force persuasive ? » Car il est vrai qu’on doit à cet organe les œuvres les plus magistrales, les plus admirables ; mais n’oublions pas qu’elles étaient guidées par la pensés, la recherche de la beauté et la foi.

Aujourd’hui, un « artiste » d’art contemporain : Maurizio Cattelan peut s’enorgueillir de « ne travailler qu’avec son téléphone » !

 Et puisque nous parlons de cet objet « connecté », on observe avec inquiétude : dans la rue ou dans les transports en commun, à table etc. que les jeunes et les moins jeunes sont arrimés à leur smartphone, même lorsqu’ils marchent dans la rue, au risque d’un accident. En fait, les yeux rivés sur l’écran, ils ne pensent plus, ne rêvent plus, et ne regardent plus ce qui les entoure, ils ont perdu cette    vacuité de l’âme qui permet d’accueillir le monde visuel et sensoriel et fait travailler leur cerveau. Ils sont prisonniers le plus souvent, de conversations futiles, d’informations sans intérêt, voire de jeux.

 Mais, le plus inquiétant, peut-être, c’est le rôle des images télévisées sur les enfants et adolescents et cela dès le plus jeune âge. Liliane Lurçat a été pionnière dans la réflexion sur les conséquences délétères de l’image télévisée sur les jeunes et leur équilibre psychique. Dans ses livres, « Le temps prisonnier, des enfances volées par la télévision » et « La manipulation des enfants » par la télévision et l’ordinateur », elle explique : « La manipulation des enfants tente de faire prendre conscience du problème extrêmement préoccupant que posent la télévision et l’ordinateur au foyer, face à des parents aussi démunis et largement inconscients que leurs enfants. » Ainsi, les enfants et les adolescents échappent à l’autorité parentale ; les parents sont, pour beaucoup, eux-mêmes soumis à la drogue de la TV

 Les analyses de Liliane Lurçat se sont révélées prémonitoires, mais elles n’ont pas été entendues, notamment par l’éducation nationale qui a introduit massivement l’ordinateur à l’école. J’ai pu le constater, en tant que professeur de collège. Les élèves ne savent plus tenir un crayon, un stylo et on a décrété qu’ils n’avaient plus besoin d’écrire puisqu’ils avaient un clavier ; ainsi le lien entre l’écriture et le cerveau : cet exercice que nous avons pratiqué dès notre enfance et au-delà, est rompu. Pourtant l’écriture manuelle stimule certaines ondes du cérébrales qui favorisent l’apprentissage et la mémorisation.

 Quant à la TV et les films pour adultes, les jeunes qui les visionnent sans frein, sont la proie de la violence et d’une sexualité pornographique qui leur donne une idée malsaine de la sexualité pour elle-même et dépourvue d’amour.

 C’est ce qu’explique très clairement le sociologue et philosophe Shmuel Trigano dans « L’intention d’amour », sous-titré « Désir et sexualité dans le livre des Maîtres de l’âme de R. Abraham ben David de Posquières ».

Pierre Lurçat analyse la pensée hébraïque qui permet « de comprendre la sexualité non pas, comme le fait l’Occident moderne et post-moderne, comme une dimension à part- érigée aujourd’hui en fondement d’une « identité sexuelle » ou d’une identité de genre, notions totalement impensables dans la tradition d’Israël - mais comme un élément indissociable de la personne humaine, des relations homme-femme et de l’établissement de la famille. C’est précisément parce que la pensée hébraïque refuse l’autonomie de la sexualité-pour ne l’envisager que dans sa conception anthropologique globale - qu’elle permet de répondre aux dérives actuelles du « genre » et de la dilution des notions fondatrices du masculin et du féminin. »

L’amour précisément, est le grand absent de ces ébats sur petits et grands écrans. Avec la libération sexuelle, c’est le sexe qui prend le pas sur l’amour et qui devient une machine addictive. La libération des femmes a-t-elle tenu sa promesse ? On peut en douter…

La science aux mains des apprentis sorciers.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait déjà François Rabelais au XVIème siècle. Ce truculent écrivain était aussi un homme sage. Il avait le sens de la limite.

Or ce n’est pas, semble-t-il ce qui caractérise nos scientifiques qui, pour un grand nombre d’entre eux, ne mettent plus aucun frein à leurs recherches et qui se prennent pour de nouveaux démiurges. François Lurçat, physicien et penseur de la philosophie des sciences s’est interrogé sur les limites à ne pas franchir dans le domaine scientifique, dans son livre « La science suicidaire – Athènes sans Jérusalem. » Nourri de pensée hébraïque et face au déferlement de l’idéologie scientiste dans le monde contemporain, il arrive à la conclusion que : « Les piliers de la civilisation sont par conséquent la morale et la science, et les deux ensemble. Car la science sans morale dégénère en cynisme et détruit ainsi la base de de l’effort scientifique lui-même, et la morale dégénère en cynisme et détruit ainsi la base de l’effort scientifique lui-même ; et la morale sans la science dégénère en superstition et risque ainsi de se muer en cruauté fanatique. »

Dans un livre captivant : « Main basse sur les vivants »[3], Monette Vacquin, psychanalyste, qui travaille avec des biologistes, des philosophes et des anthropologues, dresse un tableau apocalyptique des manipulations génétiques qui se sont développées depuis les dernières décennies. Elle s’inquiète, à juste titre, de ces manipulations qui ne semblent pas rencontrer une véritable réflexion apaisée (il y a les pour au nom du bien-être humain et les contre au nom de l’éthique et de la prise en compte du symbolique, tel qu’il avait fonctionné jusqu’ici). Et de fait, la part du symbolique semble évacuée au profit du désir et du bien-être des individus. Pourquoi refuserait-on « du bonheur » aux couples qui ne peuvent avoir d’enfants ?

Le clonage existe déjà chez les animaux ; pour l’instant il n’est pas accepté chez les humains, mais jusqu’à quand ? À propos de la fécondation in vitro, Monette Vaquin écrit dans le chapitre « Désexualiser l’origine » :

« L’externalisation de l’œuf humain, associée au progrès foudroyant de la génétique, ouvrait des espaces de pouvoir et d’intervention sans précédent dans l’histoire humaine. Cette possibilité soulevait des questions que les hommes n’avaient jamais rencontrées. Aucune génération avant la nôtre n’avait eu le pouvoir de fabriquer l’humain, de le stocker par la congélation, de ranimer    l’inanimé, de maîtriser sa descendance, d’en modifier les caractères… »

Ce court extrait pose de façon cruciale la perspective d’un monde devenu fou par la volonté de puissance de certains scientifiques ivres de leurs pouvoirs sur l’espèce humaine.

Conclusion :

 L’intérêt du livre de Pierre Lurçat, outre qu’il est bien construit et, comme toujours clair et argumenté, est de nous montrer que les changements existentiels qui émergent dans nos sociétés occidentales sont très graves dans la mesure où ils ne sont pas accompagnés ou freinés par la liberté de choisir le monde dans lequel nous voulons vivre.  Or il apparaît que cette liberté se rétrécit, que nous n’avons plus notre mot à dire et que nous sommes déjà destinés (sans notre accord) à vivre dans un monde qui se construit malgré nous. Un monde sans limites éthiques, d’où D.ieu a été expulsé. Un monde où la science mène la danse, un monde déshumanisé, sans passé et dont l’avenir, tels qu’on en voit les prémisses, ressemblera à un cauchemar.

 La question que ne pose pas le livre de Pierre Lurçat mais que l’on entrevoit de façon implicite est celle de savoir quels sont ceux qui sont aux manettes de ce bouleversement historique et civilisationnel. Ou encore, qui y a intérêt ? Car ces changements ne sont pas venus de nulle part ; ils ont été impulsés, lentement mais sûrement.  On ne peut ignorer les choix politiques qui visent à soumettre une grande partie de la population, afin de la couper de ses racines civilisationnelles, d’anéantir un passé encore proche malgré ce que nous voyons se déliter : la destruction des savoirs à l’école, la destruction des nations au profit d’une Europe qui tend à les remplacer et sur laquelle nous avons politiquement peu de prise. L’accueil ininterrompu de populations issues d’une autre religion et civilisation et qui remplaceront les nôtres par leur nombre. Une presse payée pour travestir la réalité. Le wokisme qui, par ses exigences de déconstruction, pervertit la nature de l’homme.  

Une utopie est en train de se dessiner sous nos yeux. « Changer l’homme », comme le souhaitent tous les systèmes totalitaires. Julien Freund l’avait senti qui écrivait dans ses propos sur le politique :

« Si l’homme est condamné à la vieille politique, c’est parce qu’il est condamné comme homme à rester un homme :il existe une nature humaine. Si jamais la biologie, ce qui n’est pas impossible, devenait capable de transformer l’être humain dans sa nature, le résultat en serait non pas un autre homme, mais autre chose qu’un homme, quelque chose qui pour l’humanité qui est la nôtre, sera un monstre… L’homme n’est pas aliéné par rapport à son passé, mais par rapport à l’avenir. C’est la signification profonde des utopies. »

                                                                                 Evelyne Tschirhart

 

[1] Technopoly de Neil Postman -Le mythe de l’intelligence artificielle : Éric Sadin-La guerre de l'attention Y. Marry et F. Souillot – Apocalypse cognitive, Gérard Bronner – Pourquoi déconstruire ? de Pierre -André Taguieff –La nouvelle idéologie dominante de Shmuel Trigano – La fin des choses, Byung-Chul Han – La manipulation des enfants, de Liliane Lurçat – L’intention d’amour, de Shmuel Trigano – La science suicidaire, François Lurçat -La philosophie devenue folle, J6F Braunstein.

[2] Voir à ce sujet le beau texte de Pierre Legendre : « Le visage de la main » Les Belles Lettres 2019

[3] Main basse sur les vivants – de Monette Vacquin (Fayard) 1999

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 16:55
La mort d’Edgar Reichmann, écrivain et ancien collaborateur du « Monde des livres »


https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/11/27/la-mort-d-edgar-reichmann-ecrivain-et-ancien-collaborateur-du-monde-des-livres_6202636_3382.html
 

Le livre s’appelle L’Insomniaque du Danube (Balland, 1992), et c’est lui que l’on sort de la bibliothèque en apprenant la mort d’Edgar Reichmann (né Reichman), samedi 25 novembre, à Paris. Car rien ne pourrait mieux rendre compte de la vie de cet homme magnifique, longtemps collaborateur du « Monde des livres », où il a su comme nul autre rendre compte de la littérature de la Mitteleuropa.

Edgar Reichman est né en Roumanie, à Galati, en 1929. Dans cette ville portuaire, mosaïque d’ethnies et de senteurs, où son père affrétait des bateaux partant sur le Danube, il grandit entre des gouvernantes allemande, hongroise et française, qui en feront un polyglotte, et passe ses étés à Brasov, dans les montagnes des Carpates. Ses parents sont des juifs aisés, ouverts, et il vit une enfance privilégiée. La Roumanie traverse de belles années, mais tout sera emporté par le flot de l’histoire, la montée de l’antisémitisme, le déclenchement de la seconde guerre mondiale.

En 1941, les Reichman quittent Galati pour Bucarest, où ils réchapperont des bombes et de la déportation sous le régime fasciste de Ion Antonescu. Ils décident d’émigrer quand, à l’issue de la guerre, les communistes staliniens prennent le pouvoir en Roumanie. Pour obtenir les passeports et visas nécessaires, ils vendent en 1949 deux tableaux que le peintre Victor Brauner leur a offerts pour leur mariage.

« Ni apatride ni réfugié »

Quelques mois plus tard, ils sont à Paris. Sans leur fils Edgar, qui a choisi de rester, à leur grand désespoir. Il a 17 ans, fréquente les réunions d’étudiants où, écrit-il dans son livre, « les communistes garantissaient un monde plus juste, d’où la terreur et la pauvreté seraient bannies à jamais ». Il veut le croire, et rêve de devenir un jour ambassadeur de Roumanie en France.

Mais vient le temps des humiliations, de la marginalisation, des attaques. Les Jeunesses communistes l’excluent en raison de son « origine sociale malsaine », l’université le rejette parce que « élément nuisible à la société », d’anciens amis l’évitent. Dans le bel appartement familial, devenu collectif après leur départ, l’air est irrespirable. Enfin le passeport est délivré, et Edgar Reichman quitte la Roumanie.

A l’automne 1957, le voilà à Paris. Tout est à construire, mais il ne se veut « ni apatride ni réfugié. La terre entière m’appartenait, et la France en premier », écrit-il dans L’Insomniaque du Danube, montrant son goût de la vie et la mise à l’écart de la nostalgie. Il trouve un emploi subalterne à l’Unesco, où il gravira les échelons, mènera des missions dans plusieurs endroits du monde, en particulier en Côte d’Ivoire, où il restera trois ans.

Voyages dans une « Europe essentielle et profonde »

Et surtout, il écrira. Son premier livre, Le Dénonciateur (Buchet-Chastel, 1962), lui a été inspiré par une histoire vraie : en 1960, d’anciens militants, juifs communistes, ont commis un hold-up pour obtenir l’argent qui leur permettrait de partir en Israël. Ils ont été pris, et fusillés. Dans Le Rendez-vous de Kronstadt, le nom allemand de Brasov (Belfond, 1984), Edgar, qui signe ses romans Edgar Reichmann, revient d’une manière fantasmée sur la guerre, l’engagement d’une jeune militante.

Avec Rachel (Belfond, 1987), il passe au crible l’usure du temps, avec le portrait croisé d’un fonctionnaire international fatigué et de sa fantomatique cousine. Changement de registre avec Nous n’irons plus à Sils Maria (Denoël, 1995) : il s’essaie au roman policier, toujours en tordant le cou au temps, et en voyageant dans « cette Europe essentielle et profonde, ma véritable patrie », comme il l’écrit dans L’Insomniaque du Danube.

C’est de cette Europe-là, et de ce qu’elle enseigne – la nécessité vitale et naturelle de créer des ponts entre les cultures –, que témoignent ses chroniques littéraires, à lire ou à relire, parues dans L’Arche ou dans Le Monde.

Et c’est ce qui en fait, aujourd’hui encore, un passeur indispensable, comme le souligne Josyane Savigneau, qui a dirigé « Le Monde des livres » de 1991 à 2005. « Quand Edgar arrivait, c’était comme si une tornade d’enthousiasme envahissait le bureau, se souvient-elle. Il avait toujours mille passions, et ne pas les partager immédiatement était lui faire injure. Il avait un léger accent, une voix qui disait le bonheur de vivre, et une culture immense. Une histoire aussi. Avec Edgar, même dans un bureau au cœur de l’hiver parisien si gris, on partait pour un voyage de couleurs et de saveurs. Je suppose que parfois, comme chacun, il pouvait être triste. Je ne l’ai jamais connu ainsi. Je l’ai vu “désespéré !”, voire “indigné !” parce que son article attendait d’être publié depuis deux semaines… On l’aura compris : la manière d’Edgar était l’excès. Ceux qui ont peu de goût pour les gens tièdes ne pouvaient que l’aimer. »

Edgar Reichmann en quelques dates

1929 Naissance à Galati, en Roumanie

1957 Quitte la Roumanie communiste pour se réfugier à Paris

1962 Premier livre, Le Dénonciateur (Buchet-Chastel)

1992 L’Insomniaque du Danube (Balland)

25 novembre 2023 Mort à Paris

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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 17:17
Face à l’opacité du monde, Pierre Lurçat offre des étincelles

Liliane Messika – 24 novembre 2023

En 1945, on a dit « plus jamais ça ».

Le 7 octobre 2023, « ça » a recommencé et au lieu de voir les nations civilisées prendre le parti de l’agressé et exiger des représailles impitoyables contre l’agresseur, c’est le contraire qui s’est produit.

 

Les erreurs de la post-vérité

Face à ce que l’avocat-écrivain-traducteur-analyste Pierre Lurçat décrit comme « la multiplicité des interprétations et des opinions érigées en vérités », il nous propose de prendre du recul grâce à de grands autres, au nombre desquels ses propres parents, la psychologue Liliane Lurçat et le physicien et philosophe des sciences François Lurçat.

Les éclairages des Lurçat senior révèlent à quel point leur point de vue était visionnaire sur ce monde schizophrène, dont ils n’ont connu que les prémices.

Pierre Lurçat nous invite aussi à « lever les yeux », avec Yves Marry et Florent Souilly, qui ont fondé une association portant ce nom, et à rencontrer Byung-Chul Man, que son origine sud-coréenne et sa formation polymorphe (métallurgie et théologie catholique) ont peut-être prédestiné à enseigner la philosophie en Allemagne. Autres lumières, autres philosophes et un choix d’idéo-pathologies : Jean-François Bronstein a scruté « La religion woke » et Éric Sadin s’est penché sur « L’individu-tyran ». Autres invités de ce petit livre de grands penseurs, les sociologues Gérald Bronner, lauréat de l’Académie des sciences morales et politiques et Shmuel Trigano, qui ajoute à sa casquette de sociologue des religions celles de philosophe et de sage (Tzaddik en version originale). Enfin deux historiens, Neil Postman, théoricien des médias et Pierre-André Taguieff, spécialiste de l’antisémitisme et d’autres pathologies mentales contribuent aussi à donner du sens à cette histoire de fous qu’est l’Histoire contemporaine.

« Le fil conducteur qui relie les différents auteurs n’est pas seulement celui de la technologie, de la mutation de l’identité humaine ou de la nécessité de protéger les acquis de la civilisation contre les dérives anti- ou post-humanistes », avertit l’auteur : il a aussi l’ambition de reconnecter l’humanité de dieu à la transcendance de l’homme.

 

Informer, désinformer, déformer, formater

« À l’ère des réseaux sociaux, on n’échange plus des idées, on "partage" des informations » explique Lurçat, qui voit dans ce partage, non plus un dialogue, mais des monologues parallèles rappelant ceux des tout-petits, isolés chacun dans la bulle de son ego en construction.

De ce fait, les flux d’informations se croisent sans enrichir les émetteurs ni les récepteurs, les ondes deviennent des vagues et se conjuguent en un tsunami qui empêche les naufragés de distinguer les bouées flottant au milieu des requins.

La connaissance de l’actualité devrait nous rendre le monde intelligible, mais l’information étant de plus en plus formatée en fonction de présupposés et les sources émettrices devenant pratiquement aussi nombreuses que les individus récepteurs, il en résulte une méfiance généralisée vis-à-vis des médias, paradoxalement aggravée par les « décodeurs » que chacun d’entre eux met en place pour imposer sa propre vérité.

 

Sans la morale, l’homme est soumis à la loi du plus fort

Il ne s’agit pas d’incriminer les seuls médias pour l’opacité du monde actuel, quand notre propre incapacité à porter des jugements y participe à responsabilité égale. C’est là le résultat du « symétrologisme » pratiqué par la plupart des commentateurs. Ils n’ont rien inventé : ils copient les politiques, habitués à renvoyer dos à dos agressés et agresseurs, bourreaux et victimes, de manière à s’éviter le dilemme de juger et donc, d’être jugés sur les résultats de leurs choix.

Le jugement implique que le juge possède des critères lui permettant de distinguer le vrai du faux et le coupable de l’innocent. Ces critères sont réunis dans un corpus nommé morale.

Cette indispensable boussole situe le bien et le mal, distinction sans laquelle l’injonction de Lurçat ne peut rester que lettre morte :  « Toute analyse cognitive doit s’accompagner d’une analyse morale. »

Le conflit Hamas-Israël n’est pas un conflit territorial et pas seulement une guerre de religions. C’est l’opposition de deux projets de civilisation incompatibles, l’un ouvert et tolérant, articulé autour du bien et du mal et l’autre centripète, fonctionnant sur la soumission aveugle à une déité que l’altérité insupporte.

Seul l’homme occidental, que sa culture a doté d’un libre-arbitre, est susceptible d’évoluer (en bien comme en mal) en fonction de son environnement physique, technologique et humain, car il n’est pas, comme le Hamas et ses supporters, momifié dans un carcan d’interdictions.

 

L’homme a inventé la technologie qui a réinventé l’homme

Les changements technologiques ont transformé le mode de communication de l’homme, et les idéologies dont il est submergé l’ont lui-même transformé de l’intérieur, le rendant perméable à la « déconstruction » de son psychisme, qui prélude à la déconstruction de son mode de vie et de ses valeurs.

L’homme post-moderne est conduit à se débarrasser de ses racines, à oublier ses origines, à nier son histoire, son passé, ses repères. Sa déconstruction « a des visées politiques évidentes, qui convergent dans la criminalisation de l’Occident. La dénonciation de l’ethnocentrisme occidental et la critique radicale de l’humanisme aboutissent ainsi à jeter le bébé avec l’eau du bain, en abandonnant tous les acquis de la civilisation occidentale et pour ainsi dire tous les acquis de la civilisation humaine. »

Le sexe, le genre, l’Histoire, la langue, tout y passe. Lurçat cite Trigano : « À l’opposé de la pensée moderne, qui conçoit une rupture entre les mots et les choses, la déconstruction ramène les choses aux seuls mots… Aujourd’hui le réel n’est plus qu’un texte. » Ajoutons qu’il n’est pas anodin que les plus acharnés à cette déconstruction, les néo-féministes, aient comme revendication l’ajout, à chaque substantif et adjectif, d’un pénis symbolique en forme de « e muet » flanqué de deux points, pour signifier que désormais, l’homme n’a plus le privilège de la virilité.

Ce n’est plus l’intelligence qui se substitue à la force pour aider Homo Sapiens à réaliser ses aspirations, mais la technologie, qui vise à le remplacer, lui, y compris dans son essence : la procréation.

« La technologie inhérente aux nouveaux médias a ainsi instauré une nouvelle relation entre l’homme et la technique, dans laquelle celle-ci n’est plus un outil au service de l’homme, mais un instrument de sa nouvelle servitude. »

 

L’espoir : une vue de l’esprit

Lurçat n’est pourtant pas désespéré : face à la rupture anthropologique, il estime que l’Homme a encore des atouts. « Refonder un nouvel humanisme en tirant les leçons de l’échec de l’humanisme occidental, sans sacrifier l’idéal qui a porté celui-ci pendant des siècles. » Autrement dit, revenir aux fondamentaux : « ceux de la tradition d’Israël, redevenue d’actualité avec le retour du peuple juif sur sa terre ancestrale. »

 

Cette espérance (qui est le nom de l’hymne israélien) de renouer avec la morale, avec les dix paroles qui ont servi de modèle à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ne pourra hélas advenir que si les deux milliards d’humains acharnés à faire disparaître cette morale avec ses disciples changent de logiciel.

Ce n’est pas gagné.

 

Face à l’opacité du monde

Pierre Lurçat

Éditions de l’Éléphant

104 pages - 13,70€

www.amazon.fr/Face-lopacit%C3%A9-monde-livres-%C3%A9clairent/dp/2322506001

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 12:41
Houellebecq: “Il faut que Tsahal gagne”

“Les gauchistes étaient déjà un peu cons mais plutôt sympathiques globalement, et là ils sont devenus méchants”

Michel Houellebecq a accordé une interview exclusive à la radio publique israélienne, dans laquelle il a affirmé “avoir confiance dans l’armée israélienne”: “Tsahal a toujours gagné et gagnera cette fois encore”.

Dans l’émission littéraire “Ma CheKaroukh”, diffusée mardi sur la radio Kan Tarbout (équivalent de France Culture en Israël), l’auteur de “Soumission” était interrogé sur son ressenti à l’égard du conflit entre Israël et le Hamas, déclenché par l’attaque sanglante du 7 octobre. 

Il a insisté sur la nécessité d’une victoire israélienne. “Les gens qui pensent qu’ils peuvent éliminer Israël doivent savoir qu’ils ont tort et qu’ils n’y arriveront pas. Il faut qu’ils se persuadent qu’ils ne peuvent pas éliminer Israël. Il semblait que différents pays arabes avaient compris ça. Il faut que tout le monde le comprenne. Israël est là et restera”, a-t-il affirmé.

Michel Houellebecq était également interrogé sur les réactions anti-israéliennes dans le monde, et notamment en France. “L’explication que fournit la droite populiste, traditionnelle, qui en général a raison, c’est de dire que Mélenchon essaie de provoquer des votes de musulmans de banlieue en sa faveur, et qu’il tape sur Israël pour avoir (ces) votes”. L’auteur estime toutefois que la majorité des participants aux manifestations propalestiniennes en France sont des “gauchistes des bons quartiers”, et non des musulmans.

L’écrivain a alors fustigé la gauche française actuelle, affirmant qu’autrefois les “gauchistes” n’auraient jamais soutenu le Hamas. “Ça remonte aux années 70. Les gauchistes étaient déjà un peu cons mais plutôt sympathiques globalement, et là ils sont devenus méchants. De même les écologistes sont devenus bizarres. Ils mènent des actions bizarres. Greta Thunberg, c’est une folle”, a-t-il affirmé sans ménagement.

Michel Houellebecq a également indiqué ne pas être “entièrement d’accord” avec certaines décisions de Benjamin Netanyahou. “Ce n’est pas une bonne idée de continuer la colonisation en Cisjordanie, parce qu’il ne peut pas y avoir de paix sans une frontière stable. Mais ce n’est pas le moment de critiquer de Benjamin Netanyahou, il fait ce qu’il a à faire”. Sur l’antisémitisme, “cette espèce de truc monstrueux qu’(il) n’arrive pas à cerner”, l’écrivain a dit “ne plus comprendre certaines zones de mon pays, et le pire c’est que c’est en grande partie les jeunes. On voit bien que les universités sont aux mains de gauchistes largement antisémites. C’est désolant, c’est récent, je n’avais pas anticipé ça, je suis perplexe et vraiment navré.”

Selon Houellebecq, de nouveaux pogroms peuvent arriver en France, “sur le modèle de qu’il s’est passé en Russie, où des gens attaquent un quartier juif.” Il a toutefois tempéré: “L’antisémitisme est assez localisé en France”.

© Jérémy Elfassy

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 17:20
Agnès Desarthe et sa mémoire juive

Dans son nouveau livre, Le Château des Rentiers, la romancière Agnès Desarthe a souhaité quitter brièvement la fiction pure, pour en revenir à elle-même de manière très autobiographique. Elle nous livre un récit éclaté de sa vie, insistant sur les origines centre-européennes de sa famille, non loin des rivages de la mer Noire. Ses ancêtres « venaient tous de la même région, écrit-elle. La Bessarabie. Que certains appellent la Moldavie. Et que d’autres associent à la Bucovine. » Agnès Desarthe fait le lien avec ses grands-parents russophones Boris et Tsila Jampolski, « deux Juifs immigrés en France au début des années 1930 ». Tous deux décident, avec leurs amis migrants, de s’installer à Paris dans un même immeuble, rue du Château des Rentiers, dans le 13e arrondissement. C’est ce quartier, cet univers, ce monde presque imaginaire qui aura bercé l’enfance d’Agnès Desarthe, elle qui adorait sa grand-mère, une femme « douce et discrète ».

Une petite communauté juive

Agnès Desarthe se replonge avec une délectation évidente dans l’évocation de cette petite communauté juive, dont elle est issue. « Personne n’était riche. Tout le monde avait souffert. Sur certains poignets, on lisait une série de chiffres tatoués. Je n’ai su que des années plus tard ce que cela signifiait. » Agnès Desarthe se comporte comme une enfant aimante, mais peu curieuse. Elle le regrette aujourd’hui, au moment où elle désirerait en savoir plus : « Si j’avais été sérieuse, j’aurais posé des questions, je me serais intéressée à ces gens, mais je pensais qu’ils étaient là pour toujours, comme mon enfance qui durerait éternellement. » Le temps passe, destructeur, et arrivent les regrets de n’avoir pas été plus redevable aux autres.

A lire aussi, Renée Fregosi: Les tribulations méditerranéennes de Josiane Sberro-Hania

Les aléas de l’histoire, eux aussi, ont apporté leurs bouleversements et leurs drames. La Shoah, bien sûr. La mère d’Agnès Desarthe était « enfant de déporté », c’est-à-dire « enfant cachée ». En 1996, elle a témoigné dans une vidéo de la fondation Spielberg sur ses années de guerre, et l’attente vaine du père, disparu à Auschwitz. Agnès Desarthe remet la main sur l’enregistrement de sa mère, qu’elle n’avait pas regardé jusqu’à présent. Elle prend dès lors la mesure de cet événement historique dans sa propre vie. Ce grand-père qui ne revient pas, l’espérance déçue de sa mère, et finalement la résignation, tout cela forge chez elle, par une sorte d’atavisme, « une patience face au quotidien, un attrait pour l’irrésolu qui, aujourd’hui encore, me fait préférer les questions aux réponses ». Comme une blessure qui ne se referme pas.

Nécessité de la résilience

Au milieu de tous ces malheurs, Agnès Desarthe apprend la nécessité de la résilience. De fait, sa grand-mère, puis sa mère, lui ont inculqué la joie de vivre, la foi en l’avenir. Un projet naît en elle : reconstituer en plein Paris une sorte de « phalanstère », sur le modèle de celui de ses grands-parents, rue du Château des Rentiers, où elle pourrait habiter plus tard avec sa bande d’amis. Pour Agnès Desarthe, la vieillesse est tout sauf un naufrage. D’une manière positive, la vieillesse se définirait même comme une incessante victoire sur la mort. Agnès Desarthe parle d’ailleurs très peu de la mort, comme si c’était une fatalité hors champ. En revanche, le trop-plein de la vie s’affirme pleinement en évacuant la perspective de la finitude, comme renvoyée à un passé révolu : « La mort était ce à quoi ils avaient échappé », écrit-elle de ses grands-parents et de leurs compagnons juifs.

Dans Le Château des Rentiers, Agnès Desarthe a su parler d’elle-même et de ses racines juives avec une touchante sincérité. Au seuil d’une vieillesse qu’elle voudrait heureuse, prenant modèle sur les femmes de sa famille, elle relève la tête crânement, pour ne rien dérober au futur. Optimiste par héritage, moderne par nécessité, elle voudrait préserver la meilleure part de ce qui lui reste à vivre, en bannissant toute perspective funeste. C’est un pari audacieux et sympathique, une manière de repousser la mort aux calendes grecques, à la manière épicurienne.

Agnès Desarthe, Le Château des Rentiers. Éd. De l’Olivier.

Agnès Desarthe et sa mémoire juive - Causeur

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 17:59
COMMUNIQUÉ: PARUTION DU LIVRE “FACE A L’OPACITÉ DU MONDE”

Éditions L’éléphant

Paris-Jérusalem, le 7/11/2023

 

COMMUNIQUÉ:

PARUTION DU LIVRE “FACE A L’OPACITÉ DU MONDE”

 

L’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre est le résultat de la combinaison  entre l’archaïque et le numérique, entre une idéologie barbare et une technologie moderne (celle qui a permis de tromper les renseignements militaires israéliens). Or, cette combinaison n’est pas un élément isolé; elle décrit très bien la réalité de notre monde au XXIe siècle, où le développement technologique se déploie de manière concomitante avec un abêtissement généralisé et une incapacité de distinguer entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal.

 

Ce n’est pas seulement le rêve illusoire de la «paix maintenant » qui a volé en éclats le 7 octobre, mais aussi, sans doute, celui d’une certaine intelligibilité du monde. L’ère de la surinformation qui est la nôtre est aussi celle d’une opacité grandissante des événements, face à la multiplicité des interprétations et des opinions individuelles, érigées en vérités. Nous en donnerons deux exemples – parmi des centaines d’autres – : celui de ces étudiants juifs américains manifestant contre la riposte israélienne à Gaza et plus généralement, de tous ceux qui établissent une équivalence morale entre les victimes des exactions du Hamas et les victimes civiles à Gaza. Comment comprendre de telles attitudes? Comment expliquer que des gens intelligents croient à des idées folles?

 

Contrairement à la promesse mensongère de plus grande accessibilité du monde, sur laquelle repose toute l’industrie des nouveaux médias, le monde n’a jamais été aussi opaque et insaisissable qu’il ne l’est devenu aujourd’hui. C’est précisément parce que nous sommes submergés d’informations que nous ne savons plus qui croire, entre les médias traditionnels et leurs concurrents numériques, entre la multitude d'opinions et d'analyses qu'aucun critère ne permet de différencier, dans l’océan d’Internet dont aucune balise ne permet de déchiffrer la cartographie invisible.

 

L’auteur

Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain.

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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 16:59
Un peuple d'élite de Nadine Shenkar

Les lecteurs de tout bord ne connaissent du peuple juif que les horreurs qu’il a subies (pogromes, croisades, inquisition, ghettos, autodafés, et la Shoah) ; or, la contribution énorme de ce peuple dans le tissu de l’Europe, de l’Amérique et de la Russie est sans proportion avec son nombre (0,1 %) de la population mondiale.
Ce livre inédit analyse pour la première fois le génie et l’originalité de ce peuple à travers ses propres modes de pensée qui sont : le sens du paradoxe, de la brisure, de l’incertitude absolue, de l’onirique et du rationnel vécus en même temps, le sens de l’espace-temps et celui de la complexité.
Ce livre répond à une curiosité générale de découvrir enfin qui est ce peuple mystérieux dont on parle tant et dont on sait, en fait, fort peu de choses.

Nadine Shenkar a déjà écrit et publié 11 livres en français, italien, anglais et hébreu, comme Akiba, L’Art juif et la Cabbale, Kandinsky, Cézanne, Turner, L’Amant de Grenade, Faulkner et la Bible, Siah ba pardes. Elle enseigne la philosophie hébraïque à l’Académie des beaux-arts Bezalel de Jérusalem et est spécialiste de la Cabbale et du Talmud. Ce dernier livre est né d’un désir profond de faire connaître à l’Occident le génie juif à travers ses modes uniques de pensée, chose qui ne fut jamais faite à ce jour.

Un peuple d'élite par Nadine Shenkar • Achat en ligne avec Editions Maïa (editions-maia.com)

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