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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 10:04
Salon des auteurs israéliens de langue française à Jérusalem le 9 janvier

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31 décembre 2021 5 31 /12 /décembre /2021 11:52
EN LIBRAIRIE- Apocalypse Zéro, pourquoi la fin du monde n’est pas pour demain

Préface de Pascal Bruckner, traduit de l'anglais par Daniel Roche

Journaliste scientifique et ardent défenseur de l’environnement, Michael Shellenberger se posait depuis longtemps une question : pourquoi les mouvements écologistes continuent-ils à promouvoir des politiques qui nuisent non seulement aux humains mais aussi à la planète ? En matière de gestion des forêts, d’énergie hydroélectrique, de pisciculture, d’élevage bovin, d’engrais azotés, de nucléaire et sur nombre d’autres points clés, il démontre dans ce livre que les principales ONG écologistes militent pour des solutions incohérentes et souvent même dangereuses.

Mélangeant avec bonheur la recherche, l’enquête de terrain et l’histoire du mouvement vert, ce livre lève le voile sur les enjeux financiers, statutaires et idéologiques qui se cachent derrière l’écologie politique contemporaine et son catastrophisme.

Nommé « héros de l’environnement » par le magazine Time en 2008, lauréat du « Green Book Award », expert invité par le GIEC, Michael Shellenberger est le fondateur d’une ONG de sauvegarde de la Nature, non partisane et indépendante. Il écrit régulièrement depuis vingt ans pour le New York Times, le Washington Post et le magazine Nature Energy.

 

https://www.editionsartilleur.fr/produit/apocalypse-zero-pourquoi-la-fin-du-monde-nest-pas-pour-demain/

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26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 13:51
EN LIBRAIRIE - Le typographe de Whitechapel : Sur les traces de l’écrivain Yossef-Haïm Brenner

 

De Yossef-Haïm Brenner, grand écrivain hébraïque né en 1881 et mort il y a tout juste un siècle, aucun écrit n’a pratiquement été traduit en français, à l’exception d’un petit recueil de nouvelles, Nerfs. Il compte pourtant parmi les plus grands écrivains de sa génération et est considéré comme un des pères de la renaissance culturelle hébraïque, qui a précédé la création de l’Etat d’Israël. A titre de comparaison, Roger Martin du Gard, né la même année que Brenner, a été traduit en hébreu dès 1908.

 

Le nouveau livre de Rosie Pinhas Delpuech, Le typographe de Whitechapel, vient combler partiellement cette lacune, en faisant découvrir au lecteur francophone la figure attachante de l’écrivain né en Russie et mort à Tel-Aviv, assassiné lors des premières émeutes arabes en 1921. Sous-titré Comment Y.H. Brenner réinventa l’hébreu moderne, son livre est une sorte de roman-enquête sur les traces du grand écrivain hébraïque, qui conduit le lecteur successivement à Londres, dans le quartier pauvre de Whitechapel, puis à Merhavia, un des premiers kibboutz fondé en 1911.

Le pari de l’auteur - elle-même traductrice de l’hébreu qui dirige la collection “Lettres hébraïques” chez Actes Sud - celui de raconter sous forme romancée la renaissance d’une langue, est un défi qu’elle relève en large partie. Son livre est d’une lecture facile, adjectif seyant bien à notre époque qui exècre l’effort. On y croise, outre le personnage principal, quantité d’autres figures célèbres, comme Freud (dont l’auteur imagine la rencontre avec Brenner à Londres), Moïse ou encore Rudolf Rocker, anarchiste allemand qui épousera la cause du yiddish.

 

Au sujet de la naissance de l’hébreu moderne, on connaît bien l’action d’un Éliezer Ben Yehuda, lexicographe de génie qui consacra sa vie à faire renaître une langue, avant lui largement cantonnée à des usages religieux. Dans des pages très instructives, l’auteur relate comment l’hébreu moderne est né tout autant de l’œuvre de ces pionniers que de celle des héros anonymes que furent les enseignants - et notamment les jardinières d’enfants - qui permirent à toute une génération d’enfants de pionniers de balbutier leurs premiers mots dans cette langue ancienne-nouvelle. L’abandon du yiddish, leur langue maternelle, fut vécue par beaucoup des premiers hébraïsants comme un déchirement.

 

L’auteur dresse également le portrait de cette “Deuxième alyah” dont fait partie Brenner, génération de jeunes Juifs idéalistes venus de Russie et “montés” en terre d’Israël pour la construire et pour se construire. Influencés par Tolstoï tout autant que par les idées socialistes, ces pionniers ont exercé un rôle capital dans la formation de l’éthos sioniste, ainsi que dans la fondation des kibboutz et d’autres institutions essentielles. La manière dont Pinhas-Delpuech mêle récit et narration, biographie et réflexion, y compris des pages très personnelles sur son rapport à l’hébreu et au judaïsme, est très moderne. Son livre donne envie de découvrir Brenner, grand écrivain hébreu assassiné, qui mériterait d’être - enfin - traduit en français.

Pierre Lurçat

 

Rosie Pinhas-Delpuech, Le typographe de Whitechapel, Actes Sud 2021.

 

Yossef Haim Brenner

Yossef Haim Brenner

Brenner (en bas à gauche, à côté de David Ben Gourion) en 1910

Brenner (en bas à gauche, à côté de David Ben Gourion) en 1910

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 13:02
Aaron Zeitlin, géant spirituel des lettres yiddish
Cela fait des années maintenant que les éditions bilingues yiddish-français de la Bibliothèque Medem publient des auteurs majeurs de cette littérature, sans pouvoir franchir les limites d’une diffusion réservée aux connaisseurs et autres usagers de la Maison de la culture yiddish.  L’année 2021 a été particulièrement faste puisque ont paru à très peu d’écart deux livres traduits à partir de l’œuvre foisonnante d’Aaron Zeitlin (1898-1973), l’un des grands poètes yiddish de la modernité, qui fut également dramaturge et romancier.

Aaron Zeitlin, Weitzmann II. Fantaisie en 14 tableaux. Trad. du yiddish par Evelyne Grumberg. Postfaces de Yitskhok Niborski, Evelyne Grumberg et Natalia Krynicka. Bibliothèque Medem, 243 + XLI p., 20 €
Aaron Zeitlin, Le dernier lointain. Poèmes choisis. Trad. du yiddish par Batia Baum. Choix, édition et présentation de Yitskhok Niborski. Bibliothèque Medem, 369 + XXXIX p., 20 €
La Maison de la culture yiddish propose également une exposition virtuelle autour d’Aaron Zeitlin.

La Maison de la culture yiddish organise, parallèlement à ses publications, des expositions et des cycles de conférences sur ces artistes ignorés par le grand public, trop souvent absents des rendez-vous hebdomadaires consacrés à la littérature dans la presse mainstream. À intervalles réguliers, et avec une impressionnante ténacité, toute une équipe unit ses forces et ses compétences pour faire paraître ces beaux volumes qui déroulent de droite à gauche, en sens inverse de nos habitudes de lecture occidentales, leurs versions en miroir, droite pour la traduction française, gauche pour le texte original en caractères hébraïques. Des couvertures aux facsimilés empruntant leurs motifs colorés aux avant-gardes du XXe siècle ont succédé plus récemment à la sobre couverture blanche des premiers ouvrages de la fin des années 1990.

Deux livres d'Aaron Zeitlin, géant spirituel des lettres yiddish

Aaron Zeitlin (1929) © D.R.

Aaron Zeitlin est le fils d’Hillel Zeitlin, philosophe de la mouvance néo-hassidique des débuts du XXe siècle en Pologne, mort assassiné par les nazis en 1942. De l’héritage paternel tourné vers le bilinguisme hébreu-yiddish et l’activisme spirituel, Aaron a gardé une foi paradoxale et l’attrait pour la mystique ; mais il s’est aussi, à sa façon contradictoire et souvent sarcastique, à l’égal de son ami proche Isaac Bashevis Singer, frayé un chemin vers la littérature dans ses aspects les plus intramondains : teintés de complexité quant aux questions religieuses et de fidélité à l’invisible, mais aussi d’humour et de fiel quant à l’autosuffisance moderne. Tout ce parcours est minutieusement retracé dans les introductions de Yitskhok Niborski, auteur d’une thèse sur Zeitlin et médiateur de son œuvre en France.

Le premier ouvrage, Weizmann II. Fantaisie en 14 tableaux, traduit par Evelyne Grumberg, est une comédie grinçante aux accents tragiquement prémonitoires : écrite en 1934 (à part quelques remaniements datant de l’après-guerre qui sont pris en compte dans cette traduction), elle s’ouvre sur l’intervention toute-puissante du personnage de l’« Aryen » (dans la première version, il s’agit de Hitler en personne) qui, à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, organise son programme d’émigration forcée de « l’élite juive » vers la Palestine ; le reste de la « marchandise juive » devra être « transporté plus tard ou détruit ».

Fantaisie bouffonne à la Ubu mais parfois aussi cruellement référentielle, la pièce déroule quelques lieux symboliques, entre diaspora et « terre promise », peuplés de personnages-marionnettes, représentant à gros traits, excessivement satirisés, les lieux communs d’un antisémitisme à la fois caricatural et outrancièrement ordinaire. Tous les poncifs antijuifs sont représentés par des noms propres-étiquettes, masques d’une histoire viciée par le poison de la propagande : le pouvoir de l’argent (Rothschild), de l’intelligence (Einstein), de la conspiration mondiale (les « sages de Sion », les dirigeants des différents congrès juifs et sionistes), les agitateurs politiques (Trotsky II, Jabotinsky, Simon Schwartzbard), la « belle juive » Alexandra, une actrice d’Hollywood, figure de la femme moderne et de l’amazone, les acteurs culturels (le metteur en scène de théâtre Reinhardt, le journaliste Abe Cahan, l’écrivain yiddish Sholem Asch), et jusqu’à Charlie Chaplin, « enjuivé » de force par les nazis et rebaptisé Kaplan, qui va être le caméraman de l’expédition.

Seule exception et « unique spécimen » représentant l’ancien monde, le chimiste Weizmann II (double grotesque de la figure bien réelle de Haïm Weizmann) est autorisé à rester en Angleterre au motif de ses trouvailles « géniales » en matière de « gaz ressuscitants ». C’est d’ailleurs grâce à cette « découverte », qui ranime les soldats morts, que l’Angleterre finit par vaincre l’Allemagne à la fin de la pièce. Nous sommes en 1934, il fallait à Zeitlin une certaine dose de courage pour imaginer un tel dénouement : dans la réalité, réfugié en 1939 aux États-Unis, il verra toute sa famille anéantie par l’Holocauste, ayant lui aussi l’impression, comme son personnage, d’être le « dernier juif ».

LIRE LA SUITE

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/11/24/zeitlin-geant-spirituel/

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 08:42
EN LIBRAIRIE - Islam et islamisme Frères ennemis ou frères siamois ? Marie-Thérèse Urvoy
Nous percevons tous la difficulté plus que jamais actuelle de comprendre quels liens unissent islam et islamisme. L'islamisme constitue-t-il une rupture avec l'islam‚ comme cela est souvent défendu‚ ou n'est-ce que son prolongement mécanique ?
Avec la rigueur et l'objectivité scientifique d'une experte reconnue, Marie-Thérèse Urvoy entend lever les confusions et en finir avec les affirmations passionnelles. Elle montre combien, et de manière constante à travers l'histoire, cette question prend sa source dans le Coran, dans une tension permanente entre visée spirituelle et ambition d'emprise sur le monde. Tout l'enjeu est donc de comprendre si l'islam est en mesure de se réformer, de manière à concilier son ordre inhérent avec les idéaux de ce temps.
Par les moyens de l'islamologie et de l'histoire, cet ouvrage offre les éléments de compréhension globale de l'islam, de ses mouvements sociopolitiques, de ses schèmes mentaux (réformisme, « retour à la charî‘a », rôle de la violence) et des concepts médiatiques récents d'« islam spirituel » ou d'« islam des Lumières ».
Une réflexion lucide, rigoureuse et sans concession sur les ressorts profonds de l'islam et les enjeux de sa réforme.
 
Professeur émérite de l'université Michel de Montaigne Bordeaux 3 et de l'institut catholique de Toulouse, Marie-Thérèse Urvoy a enseigné l'islamologie, l'histoire médiévale de l'islam, l'arabe classique et la philosophie arabe. Elle est l'auteur ou co-auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur l'islam.
https://www.editionsartege.fr/livre/fiche/islam-et-islamisme-9791033611578
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 08:14

 

Les grands textes des pères fondateurs du sionisme politique, inédits ou épuisés en français, mis à la disposition du public francophone.

 

DEJA PARUS

JABOTINSKY, La rédemption sociale. Eléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque.

JABOTINSKY, Questions autour de la tradition juive. Etat et religion dans la pensée du Rosh Betar.

 

A PARAITRE :

GOLDA MEIR, La maison de mon père, fragments autobiographiques.

JABOTINSKY, Les Arabes et nous, le mur de fer.

NORDAU. Textes sionistes.

Etc.

 

EN VENTE SUR AMAZON et dans les librairies françaises d’Israël, 

ou après de l’éditeur editionslelephant@gmail.com

 

COMMUNIQUÉ

Parution d’un recueil de textes inédits en français de Vladimir Jabotinsky

La question des rapports entre État et religion ne cesse d’occuper le débat public, en Israël comme en France et ailleurs. Les conceptions de Jabotinsky sur ce sujet brûlant permettent de répondre à certaines des questions qui divisent la société israélienne depuis plusieurs décennies, comme la place de la religion dans la sphère publique et le caractère juif de l’État. Au-delà même de leur importance pour Israël aujourd’hui, ces questions interpellent le lecteur contemporain par leur actualité et par l’originalité du regard de Jabotinsky. 

Les textes ici publiés en français pour la première fois exposent les conceptions originales de Jabotinsky concernant la religion et les rapports entre le judaïsme et le futur État juif, à la création duquel il a consacré sa vie. Entre 1905 et 1935, Jabotinsky est passé d’une conception utilitariste de la religion et du judaïsme, considéré comme une “momie” et une structure purement extérieure – ayant permis au peuple Juif de conserver son identité nationale pendant les siècles de l’exil – à une conception beaucoup plus positive d’un judaïsme vivant, fondement spirituel essentiel au futur État juif.

Né à Odessa en 1880 et mort dans l’État de New-York en 1940, Vladimir Zeev Jabotinsky est une des figures les plus marquantes du sionisme russe. Écrivain, journaliste et militant infatigable, créateur du mouvement sioniste révisionniste et du Bétar, il a conquis sa place parmi les fondateurs de l’État d’Israël, entre la génération de Théodor Herzl et celle de David Ben Gourion. Théoricien politique extrêmement lucide, il avait compris la vertu cardinale pour les Juifs de se défendre eux-mêmes, et dès la Première Guerre mondiale, il obtint leur participation militaire sous un drapeau juif à l’effort de guerre des Alliés.

Questions autour de la tradition juive, précédé de État et religion dans la pensée du Roch Betar, traduction et présentation de Pierre Lurçat

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 09:58
EN LIBRAIRIE - Avot Yeshurun À présent je n’ai pas
Face à face :
Sois-moi
le beau visage de toi
vers le visage de moi.
 
Sois-moi
un visage vis-
à-vis.
 
Une bouche face
à une bouche, un son
face à un son.

À l’image de la maison en chantier de sa rue qui semble « sans cesse / aller se détruisant », la maison du poète, celle de sa vie, celle de son œuvre, « est toujours ruine ». « À présent je n’ai pas, écrit Avot Yeshurun au seuil du plus grand dépouillement – n’ai que la poésie. » Mais « Pas le vers ni le mètre, ni les choses. / Pas les choses qui sont dans la poésie / ni la poésie qui est dans les choses. » De la poésie elle-même alors, il ne reste plus que l’âme, le son originel de la parole qui, à l’aube de la mort, semble littéralement enfanter à nouveau Yeshurun, qui ose écrire dans le dernier vers de ses deux ultimes poèmes : « je serai né », et « à la mort Yah ne m’a pas livré ».

Un compte rendu sur le site Sitaudis

 

Avot Yeshurun (1904-1992) est un poète israélien, né en Ukraine et qui a émigré en Palestine en 1925. Presque toute sa famille a été assassinée pendant la Shoah. Son oeuvre poétique, parmi les plus originales de la littérature israélienne, est une perpétuelle recherche de la langue, entre hébreu et yiddish, ou entre hébreu et arabe, considérant que son attachement à cette terre nouvelle se devait d'être aussi attachement à tous ses habitants. Un premier recueil, La faille syro-africaine, a paru aux Editions Actes Sud, traduit et présenté également par Bee Formentelli. Ce volume fait suite à la parution aux Éditions de l'éclat de Trente pages d’Avot Yeshurun  (édition bilingue), paru en 2016.

Ecouter Jacques Bonnaffé parler de Yeshurun et lire des extraits de Trente pages (sur France Culture)

 

Edition bilingue

http://www.lyber-eclat.net/livres/a-present-je-nai-pas/

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 09:29
EN LIBRAIRIE - L’indifférence et autres horreurs, de Richard Rossin : l’anti-BHL

Il y a plusieurs façons de lire le livre de Richard Rossin, L’indifférence et autres horreurs*. On peut le lire comme une suite de récits, le plus souvent tirés de faits réels, qui se déroulent aux quatre coins du globe. Il y a celui de cette jeune soudanaise anonyme, qui meurt lapidée. Ce jeune Kurde emprisonné par Saddam Hussein, qui mourra lui aussi, en maudissant la politique arabe de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. Cette petite marchande de lunettes réfugiée du Darfour, ou encore cette jeune fille habitante d’une banlieue française, victime d’une tournante.

 

Dans cette litanie de l’horreur contemporaine, le lecteur averti remarquera que le point commun entre la quasi-totalité de ces récits est le fait que les victimes sont presque toujours assassinées, défigurées ou mutilées par des bourreaux animés par une même idéologie, celle de l’islam radical et fanatique. Pourtant, le livre de Rossin n’est pas un nouveau pamphlet politique dirigé contre l’islamisme, comme il en existe déjà beaucoup. Son livre appartient à un genre différent et original, sui generis. Il est à mi-chemin entre le récit et la réflexion, entre la description d’un monde "ensauvagé" et la méditation philosophique sur le mal.

 

C’est la deuxième lecture possible du livre : celle qui part du poème de Victor Hugo placé en exergue, tiré de La légende des siècles. De ce poème, on ne connaît en général que le dernier vers, “L’œil était dans la tombe et regardait Caïn”, infime souvenir de classe de français. Tout le livre de Richard Rossin est une sorte de commentaire de ce poème de Hugo, dont il poursuit et développe la perspective, en l’adaptant au monde actuel. Réflexion sur le mal, ou plutôt réflexion sur ceux qui le commettent, rédigée à la première personne et nourrie à la double source du récit biblique d’une part, et de l’expérience vécue d’autre part.

 

 Richard Rossin - photo : P. Lurçat ©

Richard Rossin - photo : P. Lurçat ©

 

 

Car Richard Rossin n’est pas seulement un écrivain et un poète, amoureux de la langue française (et aussi de l’hébreu). Il est également co-fondateur de Médecins sans Frontières, organisation dans les rangs de laquelle il a parcouru le monde, du Biafra au Soudan, de la Mer de Chine au Darfour. C’est de ses missions humanitaires que sont tirés ces récits de l’horreur contemporaine, et c’est son vécu qui donne au livre sa vérité et son ressort dramatique. Comme son camarade Bernard Henri Lévy, avec lequel il a mené plusieurs missions, Rossin est un écrivain engagé.

 

Mais on mesure en lisant ces récits tout ce qui sépare les deux hommes. Là où le premier, évoquant dans son dernier film la Somalie ou le Kurdistan, ne peut s’empêcher de parler de lui à chaque instant, le second s’efface entièrement, et n’emploie jamais le “je” pour se mettre en scène. Témoin de son siècle, Rossin appartient à la catégorie des témoins qui savent se reléguer au second plan, pour faire parler les événements et leurs acteurs eux-mêmes. En cela, il appartient à la lignée des Kessel et des Koestler. Un grand livre.

 

Pierre Lurçat

* Editions Balland, 2021.

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Découvrez http://cinema-israelien.over-blog.com/

Le premier blog francophone consacré exclusivement au cinéma israélien!

 

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 07:40
Le livre de Bar-Zohar. Portrait de vingt femmes qui ont marqué le Mossad.

Dans son dernier livre Mossad Amazons, l’historien Michael Bar-Zohar, spécialiste des services secrets israéliens, dresse le portrait de vingt femmes ayant marqué l’histoire de l’agence de renseignement. Il délivre des anecdotes sur ces figures d’exception.
L’historien Michael Bar-Zohar, biographe de David Ben Gourion et de Shimon Peres, est un spécialiste des services secrets israéliens. Dans son dernier livre Mossad Amazons (1), il dresse le portrait de vingt femmes qui ont marqué l’histoire de l’agence de renseignement. Il a pu interroger des dizaines d’agents féminins du Mossad et a été autorisé à décrire des détails jamais publiés auparavant sur les opérations auxquelles elles ont participé, dont certaines sont très récentes. Passage en revue.
LE FIGARO . – Quelle est la place des femmes dans le Mossad?
Michael BAR-ZOHAR. – L’image du Mossad dans le monde c’est des gars costauds, des James Bond mais il y a aussi des femmes qui ne sont pas moins capables que les hommes. Ce sont des femmes qui viennent du monde entier: d’Égypte, du Liban, de Pologne, du Canada, d’Australie, de France. Le Mossad cherchait à l’origine des femmes qui pouvaient se mêler à la population et de ne pas éveiller des soupçons. Elles ont été recrutées en Israël et en ont reçu la nationalité. Aujourd’hui, elles montent dans la hiérarchie. Une femme avait été préparée pour devenir le chef du Mossad, elle était soutenue mais elle a préféré quitter l’agence. Elle m’a dit: « L’étincelle a disparu. Il faut pour faire le job avoir le patriotisme, mais aussi un esprit d’aventure, aimer les émotions fortes. J’ai senti que je n’avais plus ça ».
Elle avait commencé sa carrière comme secrétaire, puis a travaillé en duo dans des pseudo-couples d’agents. Les femmes espions ont des sens, des instincts, des capacités que les hommes n’ont pas. Et, elles n’ont pas souvent l’ego très fort des hommes. Ce que l’homme a en force physique est remplacé, selon moi, par une force intellectuelle. Elles sont plus en mesure d’improviser. L’une des plus brillantes d’entre elles fut sans conteste Yael. Elle a écumé les pays du Moyen-Orient de Beyrouth à Bagdad. Une carrière formidable marquée par l’attaque israélienne contre le réacteur nucléaire irakien. «Si on lui donnait toutes les médailles pour ses missions, il n’y aurait pas de place sur sa poitrine», dit d’elle Tamir Pardo, l’ex-patron du Mossad. Elle a 84 ans. Quand on la rencontre, on ne peut pas imaginer ce qu’a réalisé cette Mata Hari.
Y-a-t-il des figures françaises?
Bien sûr! Comme cette jeune fille qui après mai 1968 était l’une de ces étudiantes féministes qui brûlaient leurs soutien-gorge sur les barricades. Elle a suivi des études en Israël où elle roulait en Harley Davidson. Elle a reçu un jour un courrier du ministère des Affaires étrangères israélien. Un groupe d’experts l’a interviewée pour la recruter. Elle est devenue la pseudo-femme d’un agent du Mossad qui se trouvait au Caire après la guerre du Kippour. Ils y passèrent deux années.
Au début, son pseudo-mari lui prépara une chambre séparée. Elle refusa pour ne pas attirer les soupçons des domestiques. À Suez, au musée de la guerre du Kippour, elle a photographié des half-tracks tâchés de sang séché de combattants israéliens pour aider à l’identification des soldats tués. Ils sont tombés amoureux mais en rentrant de mission, l’agent est revenu à son amour d’antan. Après des déconvenues, il a fini par se suicider sur une plage d’une balle dans la tête. Elle est devenue une femme importante du Mossad. Aujourd’hui, elle chante du Brel et des chansons françaises sur scène dans une ville israélienne sans que personne ne se doute de son passé.

Quel rôle ont joué les femmes dans l’opération Orchard qui, en 2007, a permis de détruire un réacteur nucléaire syrien?
Tout commence à Vienne avec la visite du président de la commission syrienne de l’énergie atomique pour une réunion de l’AIEA. L’émissaire de Damas découvre une fille assise devant sa valise dans le couloir de l’hôtel. Elle dit avoir perdu la clé de son bagage qui contient sa clé d’hôtel, ses papiers, son argent. Il parvient à débloquer la fermeture avec le passe de sa chambre. La jeune femme saisit l’occasion pour en prendre l’empreinte. Le lendemain matin, au petit-déjeuner, il partage sa table avec une cliente de l’établissement. Elle s’énerve au téléphone: son compagnon lui fait faux bond pour un repas d’anniversaire dans un grand restaurant. La conversation se noue et le courant passe. Ils dînent ensemble dans le fameux établissement.

Un responsable arabe de ce rang qui rencontre une fille libérée laisse son téléphone portable à l’hôtel pour éviter les ennuis et ne pas être repéré. L’occasion pour une troisième comparse d’entrer dans sa chambre, de briser le code du portable et de découvrir 35 photos d’un réacteur nucléaire construit d’après les clichés par des Asiatiques. Damas bâtissait une centrale nucléaire à Deir es-Zor avec l’aide de la Corée du Nord et le Mossad n’en savait rien. Meir Dagan, le patron du Mossad se précipite chez le premier ministre Ehud Olmert qui demande à George W. Bush de bombarder le réacteur. Refus au nom du principe de respect de la souveraineté nationale syrienne. Les Israéliens se chargent de la mission. L’année suivante, le général Mohammed Sleiman, le maître d’œuvre du projet, est assassiné à Tartous sur la terrasse de sa résidence secondaire donnant sur la mer Méditerranée. Des plongeurs de combat israéliens l’ont abattu avec un silencieux.
Il existe également des échecs au féminin!
Oui! Prenez l’opération «Colère de Dieu» montée pour éliminer les membres du commando de l’attaque contre les sportifs israéliens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972. Un innocent a été tué à la suite d’une méprise à Lillehammer en Norvège et les agents du Mossad ont été arrêtés par la police locale. Parmi eux, Sylvia Rafael, une femme ravissante, très glamour. Basée à Paris, elle a une couverture de photographe de presse et un passeport au nom Patricia Roxburgh. À Djibouti, elle couvre une révolte sanglante. Un scoop mondial. Son agence organise une expo au Ritz à Paris.
Elle rencontre l’ambassadeur de Jordanie au vernissage qui l’invite à Amman. Elle est reçue au palais du roi pour une séance de photos avec la famille royale. C’est en lisant la Une de son journal jordanien du matin, au petit-déjeuner, que le roi Hussein découvre la photo de Sylvia Rafael présentée comme un agent du Mossad. Sylvia avait besoin de passion. Elle avait une liaison à Paris avec un journaliste anglais, Jon Swain, et avec un journaliste allemand. Jalouse, elle avait demandé au Mossad de placer sous surveillance téléphonique son amant allemand. Le Mossad a fini par le recruter. En prison, elle est tombée dans les bras de son avocat norvégien. Ils ont vécu ensemble dans un kibboutz jusqu’à sa mort.
Les sentiments sont-ils compatibles avec un travail d’espion?
Cela peut arriver. C’est le cas d’une Allemande. Elle tombe follement amoureuse d’un espion, israélien d’origine, dans un train qui traverse les Alpes. Le coup de foudre est réciproque. Ils se marient et partent en mission au Caire. Le couple ouvre une ferme équestre qui accueille la haute société du cru. Ils reçoivent avec élégance des scientifiques, d’ex-savants nazis qui mettent au point pour Égypte, au début des années soixante, des fusées équipées de déchets nucléaires. Ils s’en débarrassent en leur envoyant des colis piégés. Démasqués, ils risquent la peine de mort. Ils ont finalement été sauvés par les services secrets allemands qui ont obtenu leur libération.
(1) «The Mossad Amazons» par Nissim Mishal et Michael Bar-Zohar (Ktav Publishing House).

Dans son dernier livre, The Mossad Amazons, Michael Bar-Zohar, un spécialiste des services secrets israéliens, dresse le portrait de vingt femmes qui ont marqué l’histoire de l’agence de renseignement.
Source
https://israelvalley.com

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1 décembre 2021 3 01 /12 /décembre /2021 08:08

A l’occasion de la sortie simultanée de deux livres phares ; « Des édits d’expulsion des Juifs de France » aux éditions BoDet, « L’Indifférence et autres horreurs » aux éditions Balland, Richard Rossin nous offre pour cette fin d’année 2021, ses analyses politiques pertinentes, des réflexions philosophiques éclairantes, sur le monde d’aujourd’hui et de demain, à la vue de l’Histoire, des situations géopolitiques passées et présentes, à la lumière de son expérience d’homme au service de l’humain sur le terrain. Des livres qui remuent les consciences et les cœurs, et qui nous font découvrir un auteur à la dimension d’un nouveau Camus de notre époque.

Pourquoi avez-vous eu le besoin de revenir sur les expulsions des Juifs de France ?

J’avais lu un bouquin il y a trente ans sur l’histoire des Juifs de France et m’étais rendu compte qu’aucun travail de recension n’a jamais été fait sur ce sujet. Quand on demande la date de l’expulsion des Juifs d’Espagne, tout le monde répond 1492 mais quand on pose la question sur les Juifs de France, personne ne sait. La France a été pendant trois siècles « judenrein » [purifiée des Juifs en allemand]. C’est le pays qui a le plus souvent expulsé les Juifs.

Quelle est selon vous la plus terrible de ces expulsions ?

Je pense que la plus terrible a été celle de 1306. C’est une horreur. Les Juifs ont été arrêtés, spoliés, libérés contre des tonnes d’or, et du jour au lendemain, Philippe IV expulse les Juifs. Plus de 100 000 personnes jetées sur les routes. De nombreux Juifs seront massacrés. Cette expulsion va détruire le judaïsme français qui avait eu un essor fabuleux sous Rachi de Troyes (1040-1105) et les tossafistes, les disciples de Rachi. C’est aussi une catastrophe pour la France, d’ailleurs, un poète de l’époque, Geoffroy de Paris, chroniqueur de la période, raconte à quel point les Juifs sont regrettés par la population.

Ces dernières années, des milliers de Juifs ont quitté la France, victimes de l’antisémitisme et du terrorisme. Avec votre regard sur ces expulsions, peut-on considérer que ce départ massif est une forme d’expulsion qui ne dit pas son nom ?

La question est extrêmement intéressante. Si les expulsions ont été faîtes, au moins, avec l’assentiment et l’action du pouvoir, il ne faut pas oublier que la dernière expulsion des Juifs de France a été le statut des Juifs du Régime de Vichy, une expulsion par la déportation et la mort, qui ne disait pas son nom. Aujourd’hui, l’antisémitisme renaît de ses cendres avec l’apport de l’antijudaïsme des immigrés. Les pouvoirs publics parlent beaucoup mais n’agissent pas. L’affaire Sarah Halimi en est une illustration. Oui, je crois que par négligence, par indifférence, que c’est une forme d’expulsion des Juifs de France, qui, je pense, est loin d’être finie.

On parle de plus en plus d’un déni de l’Éducation nationale dans l’enseignement de l’histoire des Juifs de France. Les politiques répètent que sans les Juifs, la France n’est plus la France mais, les Juifs de France n’ont jamais trouvé leur place dans les livres d’Histoire…

Absolument. Jamais on ne nous a enseigné qu’il y a eu des édits d’expulsion des Juifs de France. Quand on parle de l’esclavagisme, on cite souvent le fameux « Code noir » de Louis XIV, mais de quoi parle l’article premier de ce décret ? Il enjoint de chasser des colonies « les Juifs qui y ont établi leur résidence », présentés comme « ennemis déclarés du nom chrétien », ce dans un délai de trois mois sous « peine de confiscation de corps et de biens ».

Vous avez eu un incroyable parcours humanitaire en votre qualité de cofondateur de Médecins du Monde. Quel est votre regard par rapport à la crise migratoire qui frappe l’Europe ?

Je viens de publier aux Éditions Balland « L’indifférence et autres horreurs », des récits et des réflexions sur ce parcours. Il y a des idéologies contre lesquelles il faut se battre car elles sont assassines. Parmi les migrants, il y a des gens qui sont en danger de mort, il faut leur apporter assistance, tout en sachant que les victimes d’aujourd’hui peuvent être les bourreaux de demain. Il faut faire très attention.

Que voulez-vous dire ?

Des réfugiés, j’en ai vu toute ma vie. Je raconte dans « L’indifférence et autres horreurs » certaines de leurs histoires apocalyptiques mais, il y a aussi une immigration économique. Ceux-là perçoivent l’Occident comme un eldorado, d’autant que ces migrants sont remarquablement bien accueillis. Ils sont pris en charge, financés, logés, nourris et soignés. Ils sont de plus en plus revendicatifs, estimant avoir des droits sans avoir le moindre devoir en contrepartie, parfois même le simple respect pour le pays hôte et ses habitants.

La parution simultanée de vos deux derniers livres est étonnante. Est-ce volontaire ? Y a-t-il un point commun ?

Non, c’est fortuit mais vous avez- raison, on peut y voir un clin d’œil du hasard. Apres tout, il s’agit d’histoires d’êtres souffrants, tant dans Les édits d’expulsion que dans L’indifférence, il y a la une véritable résonnance. Il faut absolument étudier l’Histoire et s’en servir. Ne pas la mettre au bénéfice du présent et de l’avenir, ce que nous voyons aujourd’hui, nous positionne dans un piétinement voire une régression de l’humanité.

Richard Rossin est Docteur en médecine ; ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique assistant des hôpitaux de Paris. Ancien Secrétaire Général de Médecins Sans Frontière. Cofondateur de Médecins Du Monde. Cofondateur du Comité « Un bateau pour le Vietnam ». Membre de l’American Association for Ethiopian Jews. Ancien délégué général du collectif Urgence Darfour. Ancien Vice-Président de l’Académie Européenne de Géopolitique. Conseiller du Président du Mouvement de Libération du Soudan. Ancien président du Mouvement Contre le Terrorisme et pour la paix.

Propos recueillis par Yohann Taïeb – Le Monde Juif .info | Photo : DR

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